Quand tout va bien, il suffit d'un pas de côté. D'un pas qui dépasse la ligne "c'est le printemps, le soleil brille, la vie est belle." D'un pas qui dérape. Faux départ. Partagée alors entre mes deux pieds. Celui d'hier soir qui s'amuse d'un rien et rit de tout. Et celui d'aujourd'hui qui ne sait plus où se poser. Qui reste en l'air, à regarder les heures défilées. Si vite. Et en suspension, il s'est interrompu. Et la mare d'idées noire se remplie. De nouveau.

  Vivre dans le présent, c'est ce qu'il faudrait puisque de toute façon on peut pas savoir. Et c'est ce qu'on fait la plupart du temps. C'est ce que je fais. Mais des fois, on peut pas s'empêcher de penser à la suite. Erreur. Parce que viennent immédiatement les questions sans réponse. Le chemin prend fin devant une falaise. Un précipice de possibles qui fout le vertige. Il pleut des incertitudes. Manque d'air. Tout se referme. Et tu pleures parce que t'as rien d'autre à faire.

  Et alors, inévitablement, tu veux faire demi tour. Erreur, encore. Parce que tu replonges derrière toi, dans ce qui est fini. La marche arrière n'est possible qu'en pensée. Dans le temps, on a pas encore trouvé la solution. Et on retombe dans les regrets, dans la solitude parce qu'avant on était deux. Maintenant il y a que nous. Il y a que moi, en tout cas. Et tu te noies dans les souvenirs. Et tu pleures parce que tu peux rien faire d'autre.

  Viendra un moment où tu t'arrêteras, de toi même. Les larmes peuvent pas couler indéfiniment à ce que je sache. Tu reviendras devant la falaise mais c'est pas elle que tu regarderas. C'est pas le vide à tes pieds. C'est les fleurs qui poussent aussi autours de toi. C'est le soleil qui réchauffe tes rêves. Le souffle de vent dans tes cheveux. Et c'est suffisant. Le présent. Et tu souriras parce que tu pourras rien faire d'autre. Et ça recommencera. Jusqu'à la prochaine fois.