Publier vos poèmes, nouvelles, histoires, pensées sur Mytexte

Nameless par cindy

Nameless

NAMELESS

 

 

Sous le regard effrayé de la jeune femme paralysée par les nombreux médicaments qu’il lui avait auparavant injecté directement dans le sang, il se retourna pour saisir un scalpel qui se trouvait derrière lui sur une grande étagère en inox, puis il revînt aussitôt vers sa victime.

- Le vois-tu ce petit instrument, très dangereux lorsqu’il tombe dans les mains d’une personne malsaine, comme moi ?

Bien entendu, elle ne put répondre, alors il reprit :

- Eh bien ce sera ta fin.

Il agita le petit objet devant les yeux de son souffre-douleur en souriant, il l’approcha de sa joue, posa délicatement la lame, puis commença à lui entailler le visage. Intérieurement, elle hurlait de douleur. Tous les sentiments qui la traversaient à cet instant se voyaient dans ses yeux, ce qui le fit rire de plus belle. Il rapprocha son visage hideux vers le sien, souillé par les coupures et le sang qui s’en échappait abondamment, et lui dit en un chuchotement :

- Allons, n’aie pas peur. Je peux voir la terreur qui t’habite dans tes yeux. Cela fait-il si mal ? Voyons, je pense que tu exagères… Mais ne t’inquiète pas, puisque tu me le demandes, je vais bientôt très vite mettre fin à tes souffrances. Ce sera rapide, je te le promets. Mais j’ai envie de m’amuser encore un peu, donc il faudra être patiente.

Elle essayait de se débattre, de hurler, d’appeler à l’aide, mais aucun mouvement ne se fit, aucun son ne sortit de sa bouche.

Après avoir fait glisser la lame de son instrument chirurgical sur plusieurs endroits différents de son visage, il lui saisit la bouche d’une main, fourra l’un de ses doigts à l’intérieur pour l’étirer, puis il ajouta très sérieusement en la regardant droit dans ses yeux apeurés :

- Il faut que tu aies le sourire lorsque la mort t’accueillera, mon enfant. Il ne faut surtout pas la contrarier ou elle s’en prendra à moi par la suite. Ce que je ne souhaite pas, tu dois bien t’en douter, n’est-ce pas ?

Il lui sourit puis reprit :

- Oui, je savais que tu comprendrais. Tu es très intelligente, tu sais ?

D’un seul coup, Dieu sait pourquoi, la rage s’empara de ses sens. Il nettoya le scalpel d’un rapide coup de chiffon, et il se laissa petit à petit emporté dans une sorte de transe. Il hurla :

- Et pourquoi est-ce que personne ne me répond jamais quand je parle ?! Pourquoi tu ne me réponds pas ? Tu ne m’aimes donc pas toi non plus ? Pourquoi ? Tu vas me répondre, oui !

Il saisit sa victime par les épaules et la secoua violemment pendant plusieurs minutes. Elle était toujours paralysée, et sa tête ballotait dans tous les sens. Malgré les calmants, elle pouvait cependant ressentir cette douleur qui la tiraillait et qui la faisait prier Dieu de l’aider ou bien de l’achever. Les deux solutions lui convenaient.

Il se calma enfin, la reposa avec douceur sur la table d’opération, et s’éloigna pour s’asseoir le dos appuyé contre son bureau, les jambes repliées contre son torse, et la tête posé sur ses genoux afin de retrouver ses esprits.

Tous deux se trouvaient dans une immense pièce très sombre. Derrière lui se trouvait son bureau, sur lequel étaient posées des tonnes de feuilles volantes où des formules de tous types étaient écrites. Il y avait également une lampe de travail, la seule source lumineuse de la pièce. A gauche, de grandes étagères où tout un tas de gros livres étaient entreposés. A droite, une immense table identique à celle où la jeune femme reposait. Il y avait toute une jungle de tubes de différents gabarits où des liquides de différentes couleurs ondulaient. Un immense tube, cependant, se distinguait particulièrement des autres. Il était aussi large qu’un corps d’homme, et il montait jusqu’au plafond. A l’intérieur se trouvait un fluide verdâtre dont émanait une odeur de mort, ainsi que des organes. Non, des cœurs. Seulement des cœurs. Et, en face de lui, se trouvait sa victime.

Après plus d’une demi-heure de silence, un léger râle se fit entendre, provenant de la gorge de la jeune femme. Aussitôt, il se leva et se dirigea d’un pas décidé vers elle.

- Heureusement que tu as fais du bruit, je t’avais presque oubliée ! C’est dommage pour toi, par contre, ajouta-t-il en riant.

Il s’éloigna un instant et revînt avec une seringue dans une main et un tube de tranquillisant dans l’autre. Il lui annonça que si elle s’était tu, l’effet des tranquillisants se serait peu à peu dissipé, et qu’elle aurait donc pu essayer de s’échapper. Malheureusement pour elle, il l’avait entendue, et s’apprêtait à la paralyser de nouveau. Il planta la seringue dans le récipient et en retira le liquide transparent. Puis il tapota la seringue, lui saisit le bras, et planta l’aiguille dans sa veine principale. Il lui caressa le front du bout des doigts et tenta de la rassurer en lui disant que bientôt, tout serait terminé.

Sur son visage, le sang avait séché. Elle avait tenté de bouger et de hurler pendant que son bourreau n’était pas à côté d’elle, mais en vain. Il se tourna dans sa direction, le fameux scalpel à la main, et lui dit avec un sourire :

- Désolé pour cette perte de temps. Je propose que nous reprenions où nous en étions.

Une nouvelle fois, il fourra son doigt dans sa bouche, approcha l’objet tranchant, et s’attaqua au côté droit. Il avait souhaité la faire sourire, alors elle sourirait, quelle que soit la manière avec laquelle il y parviendrait. Il était en train de lui graver ce sourire directement sur le visage.

Pendant que la lame glissait sur sa joue en la tranchant de part et d’autre du visage, les larmes de la victime ne cessaient de couler, se mêlant au sang sur son visage et tombant sur le sol immonde pour finalement former une immense flaque rougeâtre dans laquelle elle aurait aimé se noyer.

Il entreprit ensuite de faire la même chose au côté gauche. Une fois son travail terminé, il admira son œuvre avec satisfaction.

- Oh ! J’ai une idée, lança-t-il avec enthousiasme. Surtout, ne bouge pas, je serai de retour dans deux petites minutes.

Il s’en alla dans une pièce adjacente, et après avoir fait un grand vacarme, il revînt avec un polaroïd dans les mains.

- Photo ! S’écria-t-il, un immense sourire figé aux lèvres. Oh non, attends ! D’abord, je vais te nettoyer le visage, tu n’es vraiment pas belle ainsi. Mais qu’as-tu fait pour être autant couverte de sang ? Enfin, passons…

Il saisit un paquet de mouchoirs qui traînait près de lui, cracha plusieurs fois dessus, pour ensuite essuyer le visage de la jeune femme. Une fois qu’il eut fini, il prit l’appareil instantané et lui dit « Allez, souris ! » en agrémentant lui-même sa demande d’un sourire radieux, comme pour l‘encourager. Il prit la photographie, attendit quelques secondes que celle-ci se dévoile, et, n’en étant pas satisfait, il en prit plusieurs autres sous tous les angles. Une fois ceci terminé, il choisit la meilleure selon lui : celle prise en contreplongée où elle fermait les yeux de dégoût. On pouvait très bien distinguer les entailles qui partaient de la commissure de ses lèvres et qui allaient jusqu’en haut de ses joues. Il restait quelques traces rouges sur son visage, et le sang séché avait collé ses cils entre eux. Toute personne « normale » aurait certainement vomi devant une telle scène. Mais le bourreau se dirigea vers son bureau encore une fois, et en sortit un album photo noir où trônaient en lettres rouges les mots « Souvenez-vous… ». Il l’ouvrit, et à l’intérieur se trouvaient de nombreuses photos du même style que celles qu’il venait de prendre. Certaines montraient une personne avec un trou béant à la place du cœur, d’autres une personne avec un bras, une jambe, ou bien tous les membres coupés. Ne restaient plus que la tête et le tronc. Une chose sautait aux yeux : toutes les victimes étaient des femmes d’âge à peu près égal. Il les observa toutes, souriant de plus en plus au fur et à mesure qu’il tournait les pages, puis il colla la photographie qu’il venait de choisir au-dessus d’un numéro et d’une identité.

Number 36 - Allyson Meyer

Puis il revînt à sa victime, l’album photo dans les mains, et il lui montra les photos de ses précédentes victimes. Il connaissait absolument tout de leurs vies, et il prit le temps de les lui raconter. Au fur et à mesure qu’il tournait les pages et qu’il lui parlait de leurs vies, les yeux d’Allyson se remplissaient de larmes. Elle les reconnaissait, ces victimes. Enfin, il arriva à la page d’Allyson.

- Et ici, c’est toi. Je préfère te le préciser, parce que je ne suis pas certain que tu te reconnaisses. Comme tu peux le voir, tu es la trente-sixième. Je pense que tu as compris ce que tu as à voir avec les autres victimes. Tu les as reconnues ?

Le regard perdu dans le vide, il passa son doigt déformé sur les cicatrices de la jeune femme, puis il reprit :

- Toi, tu es née le 19 février 1984 dans une petite ville dans le nord de la France. Tu as grandis avec tes deux parents, tu as deux frères et une sœur, tous les trois plus petits que toi. Tu es allée à l’école maternelle comme tout le monde, ensuite tu es entrée au primaire, au collège, tu as au ton Brevet, puis tu es allée au lycée, tu as eu ton Baccalauréat Littéraire. Tu as décidé d’aller faire tes études en Amérique, tu n’as jamais redoublé une seule fois, et tu viens tout juste d’obtenir ton Doctorat à l’âge de 26 ans. Au début, tu voulais rentrer en France, mais finalement, tu as construit une vie ici, alors tu as décidé de rester pour enseigner à l’Université. Tu étais plutôt populaire à l’Université, et tu as fais partie pendant de très longues années d’une sororité, les « Smile Savers ».

Dans les yeux de la victime, on pouvait clairement y lire une incompréhension totale.

- Tu te demandes certainement comment je peux connaître aussi bien toute ta vie, n’est-ce pas ? Pourtant, en ayant vu les photos de tes « sœurs », tu aurais dû te souvenir de cet accident, non ? Tu n’as vraiment pas bonne mémoire. Quoique ça ne m’étonne pas. J’étais tellement invisible à tes yeux, à vos yeux à toutes ! Et puis un soir, Dieu seul sait pourquoi, vous avez décidé de m’inviter à l’une de vos soirées alcoolisées. Est-ce que cela te revient en mémoire ?

Il la regarda longuement, et il n’eut pas à attendre bien longtemps avant de voir dans ses yeux un quelconque signe de compréhension. Malgré la dose de tranquillisants qui circulait dans son sang, et grâce aux indices de son bourreau, elle comprit immédiatement de quelle soirée et de quel accident il parlait.

- Ca te revient, je me trompe ? Bien évidemment, tu ne dois pas me reconnaître. Toi et tes amies avez détruit une partie de ma vie. Pourquoi vous avez fait ça, hein ? Pourquoi ? Au lieu de m’aider, vous vous êtes toutes enfuies comme des lâches ! Tu vois à quoi je ressemble maintenant ? Tu le vois ? Hurla-t-il.

Les larmes recommencèrent à couler sur les joues d’Allyson, elle était terrorisée, et les regrets s’étaient emparés d’elle. Elle se souvenait de tout. Le début de soirée, la musique, l’alcool, ces personnes imbibées de toutes les boissons disponibles, les rires, les garçons, ses « sœurs ». Puis, une bouteille d’alcool qui tombe à terre, une cigarette lâchée malencontreusement dans la flaque avant qu’elle ne soit épongée, un feu, une personne bloquée derrière les flammes, des cris, des pleurs, la les pompiers et l’arrivée des policiers. Une fuite. Tous ces souvenirs qu’elle avait réussit à oublier remontaient à la surface. Et à cet instant-même, l’un de ces souvenirs se tenait là, juste devant elle, en train de la mutiler et de la tuer à petit feu. Elle ne pouvait parler, mais elle aurait aimé lui crier qu’elle était désolée, qu’elle s’en voulait et qu’elle n’aurait jamais dû faire ça. Mais elle aurait pu lui hurler toutes les excuses possibles et imaginables que cela n’aurait servi à rien. Tout ce à quoi il pensait, c’était à se venger. Ce qu’il faisait. Et il comptait bien terminer son travail.

- Eh oui ! Maintenant, tu dois comprendre pourquoi je fais tout ceci. Tu vois, le jour où ceci est arrivé, que je me suis réveillé sur mon lit d’hôpital le lendemain et que j‘ai vu mon visage et mon corps, je me suis juré de me venger un jour. Ce jour est arrivé. Tu étais la dernière personne dont je devais m’occuper. La personne dont je suis absolument certain qui m’a vu avant de s’enfuir. Je me demande… Es-tu assez intelligente pour savoir pourquoi je vous ai à toutes gravé un sourire sur le visage ? Repense au nom de votre sororité, tu comprendras. Je vais te donner toutes les réponses à tes possibles questions, tu mourras moins bête. Pourquoi est-ce que je vous enlève le cœur ? Eh bien par contre, je n’ai pas de réponse. Je tenais seulement à m’amuser, à vous torturer un peu. Pour certaines de tes « sœurs », comme tu as pu le voir, la torture a été bien plus intense puisque je leur ai coupé certains de leurs membres, voire tous… celles-là, je ne les aimais pas du tout. Toi, par contre… Mais je tenais à te rendre hideuse avant ta mort. Et je dois dire que le résultat final est assez concluant, je suis fier de moi. Assez de bavardages. Passons maintenant aux choses sérieuses…

Il se retourna vers l’étagère derrière lui afin de prendre un scalpel deux fois plus gros que celui qu’il avait utilisé précédemment.

- Surtout, ne bouge pas. Ce que je vais entamer est un travail très minutieux.

Il approcha l’objet tranchant du haut de la poitrine de sa victime, posa presque avec tendresse la lame sur sa peau, appuya un doigt dessus afin qu’elle puisse transpercer la chair, et traça un trait bien droit et bien précis jusqu’en bas de son nombril. Il fit la même chose à l’horizontale juste en bas de ses seins, puis, avec extrêmement de rigueur, il plongea ses mains dénudées de gants dans les entrailles de la femme. Il les ressorti en prenant soin d’ouvrir et de caler les morceaux de peau et de chair qu’il avait taillé quelques minutes auparavant. Ensuite, il s’empara de son immense scalpel, introduisit une nouvelle fois ses mains à l’intérieur du corps de la jeune femme, puis découpa avec énormément de soin l’artère et les veines pulmonaires ainsi que les veines supérieures et inférieures. Lorsqu’il brandit l’organe face à lui, ce dernier battait encore. Au bout de quelques heures, il cessa tout mouvement. L’homme ne put s’empêcher d’esquisser un sourire, puis il se mit à rire bruyamment, d’un rire démoniaque. Enfin, lorsqu’il déposa le cœur dans l’immense tube où ses congénères l’attendaient, il hurla :

- Voilà qui est fait.

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : Nouvelle | Par cindy | Voir tous ses textes | Visite : 481

Coup de cœur : 9 / Technique : 8

Commentaires :

pseudo : Luna-lune

Ho gros cdc. mais je vais faire des cauchemars ce soir, ça je te le garantie. : )

pseudo : cindy

Haha, désolée =) C'était mon petit moment sadique xD

pseudo : Un lecteur

l était en train de lui graver ce sourire directement sur le visage.(dans la chair?) Pendant que la lame glissait sur sa joue en la tranchant de part et d’autre(du visage), les larmes de la victime ne cessaient de couler, se mêlant au sang sur son visage et tombant sur le sol immonde pour finalement former une immense flaque rougeâtre dans laquelle elle aurait aimé se noyer. Les 2 premiers "visage" du devraient les enlevé une trop grande répétition en peu de temps....on comprends facilement qu'il lui fait un sourire d'ange... Sinon, l'alcool qui prend feu avec une clope ça ne tient pas la route, ni le fait qu'un coeur continues de battre plusieurs heures hors du corps ( j'avoue que je n'ai pas vérifié.) Sinn le côté un peu sadique de ton personnage est bien travaillé, le scénario un peu classique mais l'écriture est fluide. Bonne soirée