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Fatale Résurrection. par Rackma

Fatale Résurrection.

 

Fatale Résurrection.

 

             « Les morts-vivants, sont une pure invention de l’imaginaire humain. »

                Voilà, en gros, ce que me dit un jour mon père, dans des termes, il est vrai, un peu moins soutenus. Sa véritable phrase fut plutôt :

                « T’es complètement débile avec tes films d’horreurs !! »

                Certes. Au moins, pour une fois, avait-il, dans ses récriminations, oublié la science-fiction.

                Avouons le, les zombis, créés au cinéma, ces créatures, qui ne pensent qu’à une chose (encore faudrait-il qu’ils pensent), c’est à dire bouffer tout ce qui bouge, sont une pure invention destinée à l’effroi et l’épouvante  (et en effet les maquillages, sont bien souvent effrayants, non pas dans le sens recherché, mais par leur incroyable grossièreté).

                En effet, lors des grandes épidémies, au Moyen Age (entre autres) il fallait, pour éviter la propagation de la maladie (ou seulement la retarder), se débarrasser bien vite des corps cadavériques des victimes. Aussi, dès qu’on suspectait un corps d’être un cadavre, l’enterrait-on sans perdre de temps et bien souvent, à même la terre. Le problème survenait si l’individu n’était pas vraiment mort. Il pouvait parfois se réveiller et même, avec de la chance, s’échapper de sa prison souterraine. Toute personne ayant vu la scène, témoignerait d’avoir vu un cadavre sortir de sous terre, se relever du royaume des morts, pour venir hanter les vivants. Car bien sur, qui pouvait croire que le mort était bien vivant. Le malheureux, mort (aux yeux des autres) quoique vivant (en somme mort-vivant) connaissait alors, un bien triste destin. Maudit, exorcisé à distance par un curé fanatique, puis brûlé vif (vif :pas mal pour un supposé mort) jusqu’à ce que mort s’en re-suive, afin disait-on de chasser les mauvais esprits, d’apaiser définitivement son âme de pêcheur.

                 Terriblement ironique.

                 Et, si les épidémies accroissaient le risque d’être enterré vivant, de tout temps, on le sait aujourd’hui, des personnes ont connu ce funeste destin, par négligence ou par empressement de leurs proches (voire les deux). Les preuves résultent en ces traces de griffures, que ces malheureux cadavres vivants ont gravées sur le bois de leurs cercueils dans l’espoir (le terme est de mauvais goût)  d’échapper à Thannatos.

                Je n’ose imaginer leur lente et terrible agonie.

                Pour éviter cette fin, de nos jours, certaines personnes se font enterrer avec un téléphone portable (la blague ! Comme s’il y avait du réseau sous terre). Je préfèrerais, pour ma part, un téléphone fixe et une ligne directe avec le téléphone du gardien du cimetière. J’imagine la scène :     

          "Allo, Bonjour! Je suis actuellement enterré chez vous et je viens de me rendre compte que je suis vivant. Pourriez-vous venir me déterrer ou au pire me commander une pizza?"

                Et réfléchissait au gars, qui a voulu se faire incinérer et qui se réveille dans le four.

          "Ca y est, doit-il se dire, je suis en enfer. J'auris du m'en douter, mais bon sang, c'était juste une fois avec ma secrétaire!"

                Ces considérations doivent vous amuser, car vous vous dites :

            « Aujourd’hui, il existe assez de moyens pour savoir quand le gens sont morts ou pas. On ne se contente plus de leur mordre le pied pour vérifier qu’ils ne se réveilleront pas. »

                       AhAhAhAh !

            Et bien, mes chers amis, sachez qu’il n’en est rien ; l’erreur reste possible.

            C’est ce que montre, la petite histoire, que je vais vous raconter. Assez drôle dans son genre (au sens noir du terme), elle n’en est pas moins macabre. Attention, fait divers sordide !

 

***

         Ce jour-là, est un jour comme les autres chez les croque-morts : du macchabée et encore du macchabée.

          Dans le frigo, il y en a pour tous les goûts : un junky, qui a plané une fois de trop, un couple de jeunes mariés du jour, qui avait bu plus que de raison et dépassé les limitations de vitesse, les morceaux d’un gardien de zoo, qui donnait à manger aux lions, ou encore ce prêtre retrouvé pendu à la cloche de son église.

          Ce jour-là, est un jour comme les autres chez les croque-morts : du travail et encore du travail.

           Le thanatopracteur embaume les corps, en balançant quelques blagues salaces aux employés qui les lavent, les habillent et les coiffent.

           Le gérant, petit homme rondouillard, assez jovial, l’instant d’avant, fait part, accompagné de son assistante, de ses profonds et sincères regrets à une veuve éplorée, tout en calculant mentalement, le fric (c’est chic) qu’il s’est fait en vendant le cercueil le plus cher. Et comme pour ce corps, c’est une crémation, il pourra sans mal remplacer le-dit cercueil par un moins cher, pour le revendre une autre fois.

            Au crématorium, justement, on est prêt à accueillir le corps. Là aussi, les employés s’amusent et ne peuvent s’empêcher de blaguer (surtout quand on leur annonce que le défunt vendait des barbecues). Mais aucun de ces crétins, n’a idée du drame qui se joue ici. Le mort voulait être enterré et non incinéré. Quand le gérant en a discuté avec la famille, il n’a pas essayé de les en dissuader par un : 

               « Il faut respecter les derniers volontés de votre proche. »

 

           Il a plutôt sorti une grande tirade du genre :

           « L’incinération ? C’est pas mal non plus. On a pas besoin d’aller le visiter tout les dimanches. Si on le garde à la maison, ça prend pas de place, c’est pas bruyant, pas salissant et ça peut même servir de décoration. Il faut juste faire attention aux gosses, qu’ils absorbent pas Papy. Car même en cendre, ça reste du cannibalisme. »

 

              « Et puis en plus, pensent certains, après incinération, plus d’autopsie possible. »

             D’autres ne pensent pas du tout, ou alors seulement à l’héritage laissé par leur cher et fortuné disparu. Quelques uns en sont même à faire leurs petits calculs.

            Ainsi tout le monde à l’air ravi ; La famille a son feu de joie, le gérant son pognon, et le macchabée…un beau costar, à défaut de son vrai cercueil.

            C’est maintenant le moment de l’incinération. Tout le monde va s’assoire dans la petite salle pour les familles. Tout le monde, s’installe bien, les petits devants, les grands derrières, pour le spectacle qui va s’offrir à leurs yeux et leurs narines. Le cercueil est disposé sur un tapis roulant qui dans quelques instants va faire glisser le corps vers les flammes de l’enfer (Là, j’exagère. Vous aurez compris que ce sont juste les flammes du four). Mais avant de détruire définitivement le cadavre, on fait une dernière vérification, comme ça, au cas où.

             Un infirmier arrive, pour confirmer l’état de non-vie du mort, s’avance, soulève le bras du mort, essaie de voir s’il a un pouls, et à ce moment, le cadavre ouvre les yeux, passant de trépas à vie et sa main se crispe sur celle de l’infirmier.

              Dans la salle, c’est la surprise, voire…la consternation.

               La famille regagne un proche, son visage sourit…ses yeux pleurent. Mais, ces larmes ne sont pas des larmes de bonheur. Elles ne viennent pas de leur cœur réjoui, mais du dépit de leur esprit calculateur, qui voit peu à peu disparaître, tous les petits Euros.

               Le gérant serre la mâchoire. Il va certainement devoir tout leur rembourser, sans certitude de les voir revenir dans un avenir plus ou moins proche.

               Le…revenu, quant à lui, n’en revient pas d’être de retour, après ce faux départ et sa mise en boîte. D’ailleurs, il ne réalise pas encore bien, l’étendue du désastre, auquel il vient d’échapper.

            Et l’infirmier…

            Ben l’infirmier, il est mort. Cette soudaine résurrection, a eu raison de son cœur.

Voyant cela, le gérant se retourne vers sa secrétaire :

          « Voyez avec sa famille, si nous nous chargeons de ses obsèques. »

 

           Et oui, dans ce métier on peut tout perdre, même des clients, sauf une chose : l’espoir. Car la vie va, la vie vient, mais la mort finit toujours par la remplacer.

          Pour finir, un petit conseil. Si vous êtes claustrophobe et que vous avez peur d’agoniser à petit feu, étouffé dans un cercueil, alors demandez à partir dans un feu de la mort qui tue et faites-vous dispersé en haute montagne.

          Au moins, c’est une sépulture qui ne manque pas d’air.

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Coup de cœur : 9 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : féfée

Ton texte m'a beaucoup amusée. CDC

pseudo : PHIL

comme quoi tout s'arrange finalement :-)))))))entre gens de bonne volonté, même si c'est la dernière:-)))

pseudo : Mignardise 974

j'adore ton cynisme ! ton sujet est abordé avec beaucoup d'humour noir CDC

pseudo : lutece

J'ai souris du début à la fin...bravo pour la petite morale de la fin! CDC