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Crépuscule par Rackma

Crépuscule

Un beau matin,

Les blés fauchant,

J’entendis le tocsin,

Et l’oiseau chantant :

« Finis les jours de fête,

Voici le temps de tempêtes.

J’entends venir au loin,

L’ennemi, l’épée à la main.

Je vois la sombre fumée,

Qui se lève dans le ciel d’été.

Elle est issue des massacres,

Qui de l’épuration sont le sacre.

Que les titans relèvent la tête !

Que les guerriers suspendent leur quête !

Que les dieux regardent en bas,

Où se préparent les combats.

C’est le temps de Ragnarock,

Où les armées vont subir le choc. »

L’oiseau, silencieux devenu,

S’est envolé vers l’inconnu,

Me laissant seul avec ma faux,

Mon torse suant, sous le temps chaud.

J’ai couru, jusqu’au village,

Regroupant tout mon courage,

Car, courant au sort, je savais,

Qu’il me faudrait bientôt batailler.

Quand au village, je suis arrivé,

Le forgeron, les armes, préparait.

Toutes les lames, on aiguisait,

Pour accueillir nos belliqueux invités.

Je suis rentré dans ma chaumière,

Faisant grincer les charnières,

Et j’ai pris les armes de mon père,

Avant de dire adieu,

Avec des larmes dans les yeux,

A ma femme, mon fils, ma mère.

Puis je suis parti,

J’en ai payé le prix.

Ainsi paré j’ai rejoins les autres,

Et notre chef, la gueule d’apôtre,

A l’ennemi, vaillamment, nous a conduit.

Si nous avions su, nous aurions fuit,

Car ce fut une boucherie,

Lorsque tels des furies,

La rage dans la gorge,

Ils nous firent apprécier,

Le travail de leurs forges,

Par des lames en acier.

J’ai malgré moi survécu,

Alors que je n’aurais pas du.

Au matin je m’en suis retourné,

Et j’ai trouvé le village brûlé,

Toute ma famille sauvagement égorgée,

Ruisselante, dans une fosse improvisée.

Oui, l’ennemi était passé,

Et sa trace avait laissé.

Ils ont gardé quelques uns d’entre nous,

Quelques uns qui sont devenus fous.

Notre quotidien, c’est la mort,

Celle, des nôtres, passée,

Puis la nôtre, ici dans le nord,

Et sa lente avancée.

La mort,

Encore.

Parfois, il me prend à rêver,

De pouvoir, ma femme caresser,

Mais vient toujours le souvenir,

D’avoir laissé ma belle périr.

Oui toujours cet état d’âme,

Qui comme un coup de rame,

Me repousse de l’objet,

Du désir tant espéré.

Rien de ce que je veux,

N’est accessible par ce que je peux.

Je reste un ver dans la boue,

Avec un corps flasque et mou.

J’attends le final écrasement,

Qui viendra un jour assurément.

Et tandis que je m’enlise,

Ces vieux cons me disent :

« Prie !

Supplie !

Demande sa pitié !

Montre lui ta piété ! »

Bien sur, les vieux,

Parlent de leur Dieu.

Alors je scrute de mon  triste pays le ciel,

Doux au regard, tout comme le miel.

Et voyant le vol des corbeaux,

Qui de mes dieux furent les messagers,

Je les juge pires que nos bourreaux,

Ceux qui nous ont abandonnés.

Il ne me reste qu’un choix,

Qui reste limité toutefois :

Les servir,

ou périr !

J’ai fait le choix de la servitude,

De leur laisser prendre leurs habitudes,

Tout cela pour mieux frapper,

C’est un serment, je le ferai.

Et de mon âme fidèle de païen,

Je pourrai enfin rejoindre les miens.

 

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Style : Poème | Par Rackma | Voir tous ses textes | Visite : 244

Coup de cœur : 9 / Technique : 7

Commentaires :

pseudo : Karoloth

Ce n'est pas possible, personne ne t'as lu. Trois visites seulement, dont la mienne. Ah, le copinage fait passer à côté de bien belles choses. CDC !!!

pseudo : lutece

J'ai aimé ton texte, profond et sensible! CDC

pseudo : JEAN PIERRE

On se laisse emporter par un texte qui vogue sur des couleurs sombres... On regarde ce tableau sans vouloir le quitter... CDCsssssssssssss