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Réalité fictive par Androïde

Réalité fictive

Dans l'ombre de la nuit, elle était là. Perchée sur ses aiguilles, elle resplendissait. Les yeux noires insolents et pleins d'allégresse. Un déhanché à couper le souffle. Elle était là, devant moi, comme si je n'avais qu'à me servir. Le bruit de ses talons frappant le bitume formait une belle mélodie qui emplissait mes tympans, accompagnant les battements de mon cœur. Rien que le fait de l'admirer me faisait frémir de plaisir. Je m'imaginais déjà parcourir ses courbes, tenir entre mes paumes ses seins comme un enfant qu'elle borderait. Couvrir de baiser ce corps, son corps. Ne faire plus qu'un. L'osmose parfaite.
Je la suivais au son de ses talons ne ratant pas une miette de ce spectacle de chair. Elle était si belle, si majestueuse. Ce parcours je l'avais fait tant de fois que mon cœur le connaissait par cœur. Mais cette nuit était différente. Les loups ne criaient pas et la Lune était plus belle que jamais. Un silence solennel comme si Dieu lui même me préparait le terrain. Et j'avançais, faisant le chemin mécaniquement.
Le son mélodieux de ses aiguilles s'arrêta net. Elle était au téléphone. Sa voix m'atteignit de plein fouet. J'étais comme un enfant face à un énorme gâteau au chocolat, comme une femme recevant enfin une lettre de son mari au front ou bien comme une mère à la fin de l'accouchement découvrant son nourrisson.
Un cliquetis me sortis de ma rêverie. Elle actionna sa voiture tout en continuant sa discutions. Profitant de cette distraction de sa part pour me faufiler sur le siège arrière sans bruit. Je m'allongea, ferma les yeux, apprécia sa voix langoureuse et cette odeur si spécifique aux sapins désodorisants.
Les minutes passèrent avant qu'elle mette un terme à sa communication. Enfin.
J'attendis patiemment qu'elle s'engage sur la Nationale. Histoire d'isoler la proie. Puis je me releva doucement, je me mis parfaitement derrière elle et j'humai son cou. Enivrant. Je déposa une légère brise sur sa nuque l'obligeant à s'arrêter puis chuchota :

                             « Mon rêve serait de t'embrasser,coucher avec toi et me décharger sur ton si beau cadavre avant d'avoir déposé soigneusement ta tête contre un crochet de boucher suspendu au plafond. Mais je vais me contenter de mes modestes moyens. Cela te va ? »

Comme prévu, elle arracha sa ceinture de sécurité et s'enfuit dans l'immensité du bois bordant la route. Je l'avais surestimée. Malgrè tout je l'en suis reconnaissant, elle a deviné mon jeu préféré. Le chat et la souris...

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Style : Nouvelle | Par Androïde | Voir tous ses textes | Visite : 652

Coup de cœur : 13 / Technique : 11

Commentaires :

pseudo : W

En général, dans ce jeu, c'est la souris qui gagne :-) Tu as écrit, comme à ton habitude, un texte magnifique empreint de sensualité et de contradiction. Bravo à toi. Bisous.

pseudo : féfée

J'ai beaucoup aimé. La fin est géniale ! CDC

pseudo : sylvaine

La fin est un peu speed!Si je puis dire!!! Votre façon d'écrire, un brin morbide est originale.

pseudo : malone

c'est mortel!!! putain ça fait un petit moment que j'avais pas lu un truc qui me retourne bien comme j'aime... c'est très visuel la manière dont tu écris j'apprécie beaucoup! et la fin alors... perfect!! gros gros CDC et au plaizir demoizelle...

pseudo : Androïde

En fait je voulais continuer le texte. À vrai dire en le postant j'en était pas fière. Merci pour vos critiques. J'apprécie énormément !

pseudo : Adélaïde Pulman

Comme d'habitude, machiavélique et magnifique.

pseudo : ifrit

Brrr... C'est mortel, comme dit malone ! Je trouve que la fin est bien arrangée, la forme s'accorde au fond. Jouons un peu. Le premier à perdre a gagné.