Elle était un peu libre et extrêmement insolente; je me souviens de ses cigarettes longues, de son parfum de thé, thé vert, matin et soir, de la manière qu'elle repliait les jambes sur le canapé, de sa façon d'effleurer les pages de la multitude de livre qu'elle dévorait. Elle n'était pas commune, elle était mal réglé, menaçante et fragile. Son cœur battait trop vite, ses mots frappaient trop fort, elle n'avait rien d'habituel, et j'en suis tombé fou amoureux, comme on aime qu'une fois, pas en faisant tout de la même façon, non, pas en étant des jumeaux ou ces couples mielleux et absurdes dans les rues, les bars, les restaurants, les cinémas. Moi, je l'aimait, comme on aime quand on tombe seul, qu'on se relève seul, à côté d'elle, on était confronté à la solitude.
Elle n'avait rien d'habituel, elle n'était pas de ces femmes belle qui font chavirer l'âme, mais elle était simple, et je l'estimais pour ça. Je ne l'appelais pas mon amour, mon cœur, mon ange, elle reniait la facilité des sentiments, les mièvreries, elle ne voulait pas être une autre, elle voulait qu'on sache qu'elle était unique. Elle ne me disait jamais qu'elle m'aimait, elle laissait son sourire me le faire penser, et ses colères m'inquiéter. Dans ses méandres, dans ses folies, il me fallait repousser les limites pour la retenir. Elle pleurait pour un rien, riait beaucoup, écrivait à toute heure du jour et de la nuit. Le temps qu'elle traversa ma vie, je fut dépossédé de moi-même, laissé pour mort, le souffle court, les mains moites. Aujourd'hui encore, son souvenir m'étrangle dans mes cauchemars.