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Ce sont les souvenirs qui nous détruisent. par Adélaïde Pulman

Ce sont les souvenirs qui nous détruisent.


J'entends le son, étouffé, dans ta gorge, le râle qui raconte cette douleur que je crée en toi. Il y a une jouissance particulière à sentir ta détresse. Parfaite et froide, je te défie du regard. Tu n'oses même pas croiser mes yeux noirs, noirs de colères, noirs de haine. J'exerce une telle violence psychologique sur toi que tu en frémis, tes jambes ne te soutiennent plus. Tu chutes à mes pieds, j'allume une cigarette. J'inhale la fumée, je souris, sarcastiquement. Je suis si inhumaine que je ne m'étonne même pas de voir tes yeux briller de larmes. C'est une vague de désir supplémentaire qui me submerge, éffaçant la pitié qui devrait me percuter. Je ne suis plus qu'orgasmes saccadés, une fièvre folle me prend, je continue, te persécute avec lenteur, de mots déchirants. Mes phrases te paralysent, tu veux te défendre, me contrecarrer, mais je suis déjà tellement avancé dans ton être que tu ne peux même pas faire un geste, émettre un son. Je laisse s'échapper mon mégot, il atterrit près de toi, tu le fixe; incapable de regarder un seul centimètre carré de ma peau, tu peux encore moins t'enterrer dans mon regard.
La douceur latente, la folie douloureuse qui habite mes propos, tout en moi te fait soudainement réagir, tu te relèves, tourne le dos, tente de t'enfuir. Et puis la dernière phrase, la dernière note dans l'air qui retentit. Le mur en face de toi. Tu t'appuies, tu trembles, convulsé par l'horreur des termes qui s'échappent de mes lèvres que tu as tant de fois effleuré. Je m'avance, laissant claquer mes talons sur le plancher froid et dur. Je me penche, souffle légèrement dans ta nuque. Frémissement. Silence.
Tu ne peux pas t'échapper. Tu ne peux plus le nier. C'est terminé. Tu es sous mon emprise, et l'amour que tu me portes est si fort, si vrai, que tu te retrouves brusquement basculé dans un autre monde, un autre rêve. Tu n'imagines plus la douleur, tu y crois de nouveau.
Alors, je recommence, calmement, toute la nuit. Cigarettes après cigarettes, claquements de talons et sourires en coin. J'ai fait de toi un déchet abject sous le signe des étoiles. N'oublie jamais mon existence. Même si je viens à disparaitre, mon souvenir te hantera jusqu'à la fin de ta vie.

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Style : Pensée | Par Adélaïde Pulman | Voir tous ses textes | Visite : 492

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