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comme un soir d'hiver (5) par yannvti

comme un soir d'hiver (5)

 

 

5

 - walalkay ! tu cherche le jeune homme, inanka yareh madoew hein ? tu arrive trop tard, nous sommes partis depuis longtemps, donne moi une pièce.

Le policier sortit de sa poche une pièce dorée qu'il tendit au clochard, il fronça les sourcil pour distinguer le visage dans la lumière aveuglante du soleil. C'était un vieil homme à la peau noir et lumineuse, ses cheveux étaient gris et mal éparpillés sur le contour de son crane brillant

- De quel jeune homme parle-tu ? demanda le policer, interloqué.

- De celui qui nous ressemble, sideydo khaleh, , tu le cherche !

- Comment sait tu que je le cherche ? Qui est tu ?

- Cela se voit dans tes yeux, il te ressemble, noir comme un soir d'hiver. madoew sidey haben. Comme toi, comme toi. Tu veux l'attraper et l'envoyer en prison  hein mais à toi il ne t'a rien fait ?

-         Je n'ai pas dit cela, comment sait tu cela !

-         Je l'ai vu de mes yeux, ici tout se sait. Laisse nous courir. Quelqu'un d'autre nous rattrapera, il y a toujours quelqu'un pour nous rattraper, tu le sais bien ! Nous le savons !  Ne l'enferme pas, regarde ce que cela m'a fait a moi walalkay , frère !

Le clochard esquissa un sourire sincère, des dizaines de rides se dessinèrent sur son vieux visage. Le policier hocha la tête d'un air navré : Il ne comprenait pas l' Africain.  Il s'éloigna lorsque le clochard se mit a chantonner :

-         Sous le pagne lisse du ciel d'été... Le soleil a saccagé...  Le velours vert des jours d'enfance... ! Et il se mit à rire. Soit prudent !

Le policier monta dans sa voiture et soupira.

Il décida qu'il préviendrait le commissaire plus tard, et d'un geste résolu il mit le contact. Le magasin était situé à quelque mètre de l'avenue principal, artère de cette petite ville. Il pensait n'avoir aucun mal a retrouver le gosse. Il remonta une grande allée et traversa le rond point qui menait dans le centre. Une fois dans la grande rue il pris soin d'observer les visages des passants,  âgés pour la plupart, et, malgré le beau temps, il n'y avait pas grand monde dehors. Il continua à droite, derrière un grand parc où traînaient la plupart des gosses pour boire et fumer  dont il fit le tour. Rien n'attira son attention. Il monta ensuite en direction de la vieille ville, en haut d'un petite colline où les rues étaient étroites,  les maisons hautes et la route pavée. Plus l'on montait et plus l'on avait l'impression que le temps s'arretait dans ces ruelles moyenâgeuses.  Il se gara dans l'une des ruelle, face a un crucifix en marbre et vérifia que son arme était bien dans son étuis. D'un pas décidé, il se dirigea vers l'unique papeterie, et demanda à la vieille commerçante s'il restait des journaux de la veille. La vieille murmura quelque chose et se dirigea vers l'arrière boutique. Elle revint avec le journal et encaissa silencieusement l'argent. Le policier resta devant le comptoir, muet et droit, et se mit à tourner nerveusement les pages du journal sous le regard interrogé de la vieille. Sur l'avant dernière page, réservé à ce qu'il se passait en dehors de la commune et aux faits divers, il était écrit :

 

Incendie meurtrier à xxx :

 

Hier, en début de soirée, les pompiers et la police de xxx se sont mobilisés pour éteindre un incendie dans la banlieue de xxx. Les cadavres ont été identifiés : Il s'agit de xxx, 46 ans, père de famille et immigré Africain, et de sa femme,  xxx, 42 ans . « Cela n'est pas étonnant » Nous affirme le commissaire de la Brigade Anti Criminalité  « Nous nous déplaçons souvent ici pour des petits délits : agression, vols, trafics, etc... Il fallait bien qu'un jours, ça arrive ! » Car  la police s'interroge sur l'origine criminelle de l'incendie. En effet, l'un des corps n'a pas été retrouvé : Il s'agit de celui de leurs Fils, Thomas xxx, 16ans, qui pourrait bien être le responsable de toute l'affaire. « C'est un gamin calme, il allait a l'école et tout... ça m'étonnerait qu'il ait pu faire une chose pareil » Nous affirme pourtant une habitante de cette petite cité HLM voisine de la famille.

 La police, de son coté, continue de mener l'enquête.

 

 

Le policier remercia la dame en murmurant et sortit. Il décida de continuer a pied, car il pensait que le gamin ne serait pas assez bête pour se balader en voiture. Son regard se posa brièvement sur l'église au loin. Il était presque 19h, lorsqu'il crut l'apercevoir. Une tête noir sortie du coin de la rue à plusieurs mètres de là. L'avait-il vu lui aussi ? Un vent violent et inattendu le surpris. S'il avait été plus attentif, il aurait pu entendre ces corbeaux qui, depuis plusieurs minutes déjà, s'étaient mis piailler sur les arbres morts. Il détestait l'orage.

 

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Style : Nouvelle | Par yannvti | Voir tous ses textes | Visite : 794

Coup de cœur : 9 / Technique : 8

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