«J’ai sept ans et demi, sept ans et demi et... je sais tout.
Dieu m’ a sanctifié,
me voilà condamné
Je comprends le temps qui ne s’écoule pas,
et l’espace où l’on ne voyage pas,
je sais le ciel et ses mystères,
j’ connais tous les secrets de la matière
Je sais pourquoi les dauphins ont préféré la mer
et je comprends ce qu’ils couinent,
je sais comment la terre tourne
et vers où elle s’abîme.
J’ai peur, j’ ai mal, j’ai froid, j’ fais comme si j' le savais pas.
Et j' vous l'dit pas.
J’entends ce que crient les arbres quand on les tue,
j’entends pleurer les les agneaux quand on les butent,
du minéral à l’animal et jusqu’à moi,
je sens couler les larmes de l’émoi.
Je sais qui de la poule ou de l’oeuf est né l’ premier,
et je sais comment on n’ sera pas les derniers,
je sais où Dieu a choisi de se cacher,
on vous l'a d'jà dit mais vous avez oublié.
J’ suis seul, j’ ai mal, j’ai froid, j’ fais comme si j’ le sentais pas.
Et j' vous l' dit pas.
J’ai gravé dans ma tête chaque levé du soleil,
sa beauté sa lumière, y’ en a pas un d’ pareil.
Je m’ souviens d’mon premier jouet comme de mon premier rêve,
et je me rappelle mon dernier souffle… celui d’avant d’avoir cette mère.
Je m' souviens déjà du jour où maman pleurera
apprenant qu' les electrochocs n’ont pas pu ramener papa,
je ne serai pas capable de la consoler,
elle ne m’en voudra pas… elle ne sait que m’aimer.
J’ai l' deuil, j’ ai mal, j’ai froid, j’ fais comme si j' m'en souvenais pas.
Et j' vous l' dit pas.
Mais quand j’ me promène avec elle et qu’on m' regarde même tendrement
j' voudrais plus rien savoir, tout oublier,
des secrets des dauphins de tout ce que j’ai rêvé,
alors pour m’isoler j’ me récite à haute voix
l’alphabet, la Tora, ou bien n’importe quoi.
J’ai peur, j’ ai mal, j’ai froid, j’ fais comme si j’ comprenais pas
Et j' répond pas.
Je sens maman frémir, je sais déjà c’qu’elle va dire,
je n’sais plus quoi faire de mes mains, j’voudrais m’enfuir
Je geint, j' remue, j' m'affole, , j’ fais comme si j’ vous voyais pas
Je sais qu’elle pose la main sur moi mais j’ la sent pas
Elle n' se cache pas elle, elle a mal elle a froid mais elle est là
Et masquant sa mine triste simplement elle dit
« il s’appelle Thomas mais il ne vous répondra pas ……
Il est autiste. »
A tous les Thomas que je ne sais pas
Biz
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Style : Poème | Par steph | Voir tous ses textes | Visite : 552
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Commentaires :
pseudo : féfée
Merci de nous faire partager les pensées d'un autiste ! CDC
pseudo : PHIL
les autistes sont bien souvent des surdoués, mais le monde extérieur les terrorisent, ils ne comprennent pas toujours les autres et au demeurant c'est normal, leur cerveau est plus ouvert que la moyenne.Un jour il faudra réellement se pencher vers eux, car ils peuvent beaucoup nous apporter et nous apprendre.amitiés CDC
pseudo : nani
J'ai côtoyé "dans mon ancienne vie quand je travaillais" beaucoup de personnes autistes je les adorent, il faut prendre le temps, leur temps, apprivoiser leur monde qui somme toute est peut-être plus beau que le notre...merci Thomas..
pseudo : coeur-sanglant
c'est très bien écrit !!! j'ai travailler avec des autistes et je trouve que ce sont eux qui nous apprennent plein de chose !!
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