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Sous la rage, ma rue soulage par Cédric Maidwith

Sous la rage, ma rue soulage

Ma rue n’est pas plus sale que la votre, ma rue est pleine d’odeur. Parfois moins lisse laissant passer ses enfants des soirées arrosées sur son chemin, ma rue est longue, elle ne se terminera jamais. Jamais de travaux sur ma ligne noire, les chewing gum remplacent le bitume, et parfois l’odeur forte vous incite à vous bouchez le nez, péter un coup respirez c’est ma rue c’est la pure oxygène de notre temps moderne.

Elle n’a pas de sens ma courbe, elle s’enfile avec elle-même comme des corps entrelacés qui se cherchent sans jamais se trouver, les non habitants la craigne car ma rue est sombre à certains endroits, petite, étroite, stressante, elle se la joue coupe gorge. Elle s’envole parfois, ma rue, pour que vous ne puissiez plus la parcourir car elle n’en fait qu’à sa tête, sale rue sale caractère.

Dans ses trous j’y perds mes baskets, dans ses trous j’y mouille mes semelles, ma rue est vieille elle suinte la misère, puis d’un coup d’un seul elle se relève vierge voire irréelle, une nouvelle jeunesse la traverse et elle rayonne de tous ses chemins, elle n’est jamais pareil. Je l'aime car elle ne ressemble à rien, elle n’attire personne sauf les vieux troquets et les habitués du rouge.

Parfois je lui donne ma part de sang, plusieurs fois elle m’a gouté, plusieurs fois je me suis endormi sur elle car elle ne m’a jamais fermé sa voie. Ma rue ne craint pas les sirènes, ni les bleus, mais elle préfère mille fois ses chattes qui la nuit dansent sur elle, elles dansent pour l’allumer, ma rue, la bruler la consumer et nous bruler nous consumer. Ma rue est incendiaire. Elle file le malaise ma rue, des vieux tombent et ne se relèvent jamais, évidemment ils ne se relèveront pas car ma rue les appelle « tous en bas » dit elle alors les vieux tombent, ils l’écoutent ma rue.

Vous devez la connaître on la voit parfois au JT c’est elle en fond d’écran qui domine la situation de ses longues jambes, c’est elle qui se montre parce qu’elle le veut. Au début de ma ligne on y voit ses enseignes roses qui éclair ses trottoirs, ma rue sait se faire belle, ou du moins attirante, ou du moins sexuelle, tu payes tu l’as, t’as rien tu l’as. Ma rue ne vie plus sur le dos des autres, elle les supporte.

Et moi je me traine sur elle, je la parcours et m’arrête, j’embrasse je m’écroule, je ris et je cris, je la salis je la hais, je la prends de haut je la trahis, je désire ou je pleur, je n’ose pas la quitter je la quitte… Ma rue ne m’a pas vue naitre mais elle m’a vue grandir, faites qu’elle ne me voit pas mourir mais ne la détruisez jamais car ma rue… je l’aime, c’est ma surprise. Et tous les matins, chaque matin, demain matin, elle vous accompagnera peut être elle vous accompagne c’est sur, elle ne vous lâchera jamais.

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Style : Pensée | Par Cédric Maidwith | Voir tous ses textes | Visite : 642

Coup de cœur : 12 / Technique : 12

Commentaires :

pseudo : PHIL

ton écrit m'interpelle, je suis un enfant de la rue, issu des cités ouvrières de l'après guerre, les premières zones

pseudo : GLblues

Beau texte plein de spontanéité et de vie. Touchant !

pseudo : malone

ça me fait penser à "ma rue" de Gynéco... "ma rue est bourrée de vices, à chacun ses délices, à chacun sa 8-6..." quelle merveilleuses époque... content de ton retour ça fait zizir et en plus c'est attendrissant ce récit sur ta rue! Reprézente mon pote!!! CDCCDCCDCCDCCDC.................... au plaizir l'ami...

pseudo : Iloa

Et yop ! Un joli retour en force ! J'ai fureté dans les coins et recoins de ta rue avec un grand plaisir. Bravo !

pseudo : nani

Les "anciens" avaient pour racine leur terre... Notre génération a pour racine ses rues, ta rue, ma rue...ce qui pourrait dire si on creuse un peu la surface bétonnée que nos racines sont plus difficiles à s'installer quelque part, on n'a plus vraiment d'attache, seulement un lieu, une rue...(un point de vue perso...)

pseudo : féfée

moi ça me fait penser à Féfé (mon masculin). Beaucoup de plaisir à te lire ! CDC

pseudo : lutece

meme sous le bitume poussent des fleurs quand on sait regrder

pseudo : Cédric Maidwith

Merci à vous, je suis pour le naturel et un zest d'artificiel. Amitiés...