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Les pales sous le vent par Déméter

Les pales sous le vent

Nuit de tempête, vent de force 8 sur les landes, la lune balance par intermittence ses faisceaux sur les murs et le plafond de la chambre de Killian. Tout le petit peuple des peluches rangées dans un coin, semble être sur le point d’entrer en mouvement. L’enfant a ouvert sa fenêtre, il ne parvenait pas à dormir. Non, il n’a pas peur ! La pluie, le vent le fascinent.  Cet air qui circule si vif, lui donne envie de danser, de chanter, de rire, de crier - pourquoi pas… d’accompagner la formidable énergie qui s’empare de la nature.

Il est comme ça, Killian ; il aime la pluie.  Il aimerait tant pouvoir sortir et jouer dans les flaques, mais il faudra attendre demain - la nuit, les enfants ne sortent pas, ils regardent juste par la fenêtre le vent leur raconter  des histoires.

L’eucalyptus bleu semble chanter dans la tourmente, il se penche et a déjà perdu quelques branches, les sapins agitent leurs franges sombres  dans tous les sens.

Au loin les phares des voitures dessinent  comme un long ruban, on entend le ronflement continu du  bruit des moteurs qui parfois s’accélère puis redevient monotone.

Là-bas, un nuage semble descendre sur terre en suivant le chemin que trace les gouttes de pluie dans le ciel. Un nuage qui avance en tournant, enjambant les haies et les arbres ; ce ne peut être un nuage.

Killian écarquille les yeux, on dirait…mais oui…une grande corne qu’un éclair vient de dévoiler.

 Ce soir il vaut mieux fermer la fenêtre, l’orage doit jouer des tours aux enfants qui ne veulent pas dormir. Une corne ? Et pourquoi pas une  licorne ou un mammouth !

Killian se couche, ramène sa couette par-dessus sa tête et s’endort. Cette nuit il rêve qu’il survole la campagne accroché à la corne d’une magnifique licorne blanche, la crinière de l’animal et les cheveux longs de l’enfant dansent dans le vent.

 Quand Killian se réveille ; le vent s’est calmé, mais de belles flaques subsistent attendant sans nul doute le passage de ses bottes. L’enfant enfile son ciré, prend quelques outils de jardinage et le voilà dehors. Il inspecte d’abord tous les creux connus de son jardin, les longe en prenant son temps ; tel un funambule il met un pied devant l’autre juste au bord des flaques, la botte ne doit pas être mouillée, l’exercice est sérieux !

- Piouit…

- Hein !        

- Piouit..

- Qu’est-ce que j’entends ? se demande l’enfant.

Il scrute d’un regard circulaire le jardin désert.

- Piouit…

Le bruit semble venir du camélia, près du vieux mur de pierres. L’enfant s’en approche, mais il ne voit rien dans l’arbuste.

- Piouit…

La plainte semble venir du sol… dessous les branches basses un oiseau pas plus gros qu’un pigeon reste aplati sur l’herbe, sans bouger. Il a le dos vert cuivré et ses yeux brillent d’inquiétude. Quand il agite sa tête noire en poussant son cri, Killian peut apercevoir à la base du cou, le duvet blanc qui recouvre son ventre,

 - Bonjour, quel genre d’oiseau es-tu, toi qui chante si fort ?  dit l’enfant.

- Je suis un vanneau, un vanneau huppé, je suis un échassier, un petit échassier.

- Bonjour petit vanneau. Que fais-tu dans mon jardin ?

- J’ai eu très peur cette nuit.

- Peur de quoi ? dit l’enfant qui pense aussitôt à sa licorne.

- Mes frères et moi avons vu un engin, un très gros et haut engin.

- Un engin ?

- Oui un engin que nous ne connaissons pas. Nous les vanneaux huppés nous avons déjà dû fuir devant les machines agricoles, nous ne savons plus où aller.

- Mais il n’y a pas de machines les nuits de tempête, les hommes ne travaillent pas dans ces conditions, tu t’es trompé ! Et puis nous prenons garde de ne pas effrayer les oiseaux de ton espèce, mon père me l’a assuré.

Les paroles de l’enfant ne semblent pas apaiser l’oiseau, il se tasse de plus en plus dans son nid d’herbes et piaille faiblement.

- On s’est tous dispersés, je ne pourrai plus trottiner dans les champs avec mes frères, nos parents nous ont toujours dit d’éviter les hommes et leurs machines.

- Bon dit l’enfant, tu peux rester dans mon jardin jusqu’à demain. Nous verrons bien cette nuit si ton engin revient, j’essaierai de comprendre et je t’expliquerai ensuite.

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Style : Poème | Par Déméter | Voir tous ses textes | Visite : 567

Coup de cœur : 11 / Technique : 5

Commentaires :

pseudo : phil

Prenant et surprenant, amitiés

pseudo : Déméter

Merci pour ta lecture Phil. Je vais poursuivre l'histoire demain. je ne pense pas la laisser longtemps, la littérature jeunesse, ne doit pas convenir à ce site.