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Prisoner. par Calypso

Prisoner.

Je le hais. Je le hais quand il parle, quand il me touche. Quand je le sens en moi. Il bouge, il s’y enfonce plus encore. J’ai mal, mais je ne lui fais pas savoir, je serre les dents. Jamais je ne lui donnerais la satisfaction de ma douleur. Et pourtant, un sentiment d’extase m’accompagne. Je suis maso. C’est ce qu’il m’a toujours dit et répété. Et parfois, je me surprends à le croire. Malheureusement, c’est lui qui me connaît le mieux. Hier, pendant que j’étais en train de faire la vaisselle, il est venu dans la cuisine, s’est appuyé contre la porte, un genou relevé, pied contre la porte, cigarette aux lèvres. Désinvolture parfaite. Sa perfection… Je vous jure, sa perfection me donne parfois des envies de meurtre. Ses cheveux parfaitement désordonnés, ses chemises repassées, sans un putain de pli, sa nonchalance à faire tomber toutes les petites pétasses sur-maquillées de la boîte dans laquelle il bosse. D’ailleurs, il les a sûrement déjà toutes baisées. A la limite, de ça je m’en fous, il s’envoie en l’air avec qui il veut, ce n’est pas mon problème. Ce n’est plus mon problème, du moins. Non, le réel problème, c’est que je doive continuer à baiser avec lui. A dormir avec lui, à manger avec lui. Tout ça me donne une terrible envie de me tirer d’ici. Ou de le tuer. Je n’y vois aucune différence. Mis à part peut être le fait que je risque un peu moins d’emmerdes en optant pour la première solution. Et encore, ça  reste à voir. Bref, pendant que j’essuyais les assiettes, je sentais son regard dans mon dos. Il me reluquait certainement, de son habituel œil critique, moqueur. C’est habituellement de cette manière là qu’il me regarde. Comme si j’étais une conne. Comme si je n’étais pas convenable. Pourtant, ça ne l’empêche pas d’avoir constamment envie de me baiser. Mais à la limite, de ça je n’en ai rien à foutre, qu’il pense ce qu’il veut. Non, le problème c’est qu’il me regarde avec des airs d’assurances écoeurants. Comme si j’étais à lui. Pourtant il le sait, il le sait pertinemment que je ne lui appartiens pas. Il m’empêche de me tirer, il m’empêche de partir d’ici mais jamais il ne m’aura à part entière.

Deux ans que ça dure. Vingt-quatre mois que je rêve de me casser d’ici. Pourtant, je n’ai jamais pu, je suis cloîtrée ici, entre ces quatre foutus murs. Avec lui. Lui, un adolescent de vingt-deux ans qui se croit déjà adulte, qui essaye de conquérir le monde cruel des grands. Un enfant prétentieux assoiffé de pouvoir. Un sale gosse irrésistible. Ce mec, je l’ai aimé. Ca, pour l’avoir aimé, je l’ai aimé, putain. Je le trouvais tellement charmant, tellement doux, tellement drôle. Il avait aussi ce côté ténébreux, mystérieux. Ce côté beau salopard qui m’attirait sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Mais maintenant, c’est fini. Mon amour est désormais trop douloureux, il est devenu mon bourreau, mon tortionnaire. Et je l’emmerde. J’emmerde sa manière de me regarder, j’emmerde sa manière de sourire, de parler, de manger. Je ne supporte même plus le bruit de sa respiration.

Il a fini. Il se retire de moi. Enfin. Je rouvre les yeux. Je lui tourne le dos et m’empresse de me rhabiller. Il vient contre moi, il me caresse la lèvre supérieure. J’ai la terrible envie de mordre le doigt de cet enfoiré jusqu’au sang. Mais je prends sur moi. Une fois de plus. Il me force me retourner, à lui faire face. Ses boucles mouillées de sueur tombent devant ses yeux. Ces yeux que j’ai tellement aimé autrefois. Et que j’ai envie de crever désormais.

« Tu es à moi, mon amour. Tu le sais ? »

Et moi, je n'ai pas d'autre moyen de défense que de siffler entre mes dents :

« Va te faire foutre, enfoiré. Tu sais très bien que je te déteste. »

« Mh… Murmure-t-il pensivement en faisant courir ses doigts sur mon visage, tu devrais faire un petit effort, chérie. »

Son index s’arrête sur le cocard que j’ai à l’œil gauche. Il le caresse avec douceur, avec une tendresse menaçante.

« Tu m’as beaucoup peiné hier, j’espère que tu ne m’obligeras pas à recommencer. Ca m’a fait mal de devoir te faire ça. Mais tu ne m’as pas laissé le choix, n’est-ce pas mon Amour ? »

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Coup de cœur : 8 / Technique : 7

Commentaires :

pseudo : féfée

Percutant ! CDC