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3 FRERES (partie 2) par Baal

3 FRERES (partie 2)

Le Cadet

Trois ans après la naissance de leur aîné, Amada enfanta Neiterhc. Il avait la peau très pâle, les yeux bleus et son duvet crânien était blond. Ces particularités générèrent des tensions au sein du couple. En effet, aussi loin que pouvait remonter leurs souvenirs, nul ne possédait une seule de ces caractéristiques dans leur famille respective. D’autres part, Miholeh qui était de plus en plus pris par son travail, prenait de moins en moins le temps de s’acquitter de son devoir conjugal.

Courroucé au plus haut point, il n’adressa plus la parole à sa femme pendant plusieurs semaines. Celle-ci dut se résoudre à lui dire la vérité. En pleurs, elle lui conta comment, alors qu’elle se rendait chez sa sœur Sram, elle fut attaquée par des démons du nord  et que l’un d’eux la … Miholeh ne pouvait en entendre plus. Il s’écroula aux pieds de son épouse, honteux de tous les manquements dont il était coupable.

Il lui fit la promesse de considérer cet enfant comme le sien. Sa seule condition  était de ne pas le circoncire dans sa première semaine comme le voulait « Le Pacte d’Alliance », mais de lui laisser le choix le moment venu.

Neiterhc grandit donc, paisiblement, dans l’ignorance du « secret ».

Enfin … presque paisiblement ! Alertée par Eporue sa nourrice, Amada s’aperçut très tôt qu’il affichait une forte obsession pour son physique et son intelligence.

Seul son frère aîné trouvait grâce à ses yeux. Mais que le lecteur ne se méprenne pas, Etilearsi n’existait dans l’univers de son cadet qu’en raison d’une beauté moins apparente et d’une intelligence que ce dernier se devait de surpasser.

Comme dans de nombreuses fratrie, il voulait être le plus aimé.

La première altercation sérieuse entre les deux frères eut lieu au cours de la septième année de Neiterhc. La cause en était un petit agneau dont il s’était entiché et qu’il avait prénommé Auohsey.

Il pensait avoir trouvé son égal dans le monde animal.

Le petit ovidé dormait, mangeait, jouait avec son jeune maître. Les seuls moments de séparation étaient les cours que l’enfant recevait de son professeur particulier.

Ce fut justement en revenant d’un de ces cours qu’il découvrit le corps inanimé de son compagnon. Les deux trous sanguinolents trouvés sur l’une des pattes prouvaient qu’il avait été mordu par un serpent venimeux.

Et qui, dans la demeure, possède des serpents pour parfaire ses connaissances ?

« E-TI-LE-AR-SI ! ! ! » hurla t’il en rentrant dans la pièce réservé à l’étude.

« Je te maudis toi et ta descendance ! Ta peau est sombre comme ton âme ! Tes enfants seront les chiens des miens ! »

L’aîné des frères resta penché sur sa table d’étude pendant de longues secondes, puis il se retourna rapidement foudroyant son jeune frère du regard. Sa voix exprimait une colère contenue :

« Jeune chiot insolent qui dit être mon frère ! Je devrais te briser la mâchoire pour m’avoir maudit et t’arracher la langue pour avoir maudit ma descendance. De quoi me parles tu ? Est-ce ainsi qu’on règle un différent avec un frère qui n’a jamais prononcé un mot à ton encontre ? As-tu perdu la raison ? Expliques toi vite avant que je ne mette mes menaces à exécution ! Quitte à ce que notre père me maudisse à son tour ! »

Certain de la duplicité de son aîné, Neiterhc éructa : « Un … un … un de tes maudits reptiles s’est échappé, il a mordu Auohsey qui en est mort ! Je me demande même si tu n’aurais pas délibérément ouvert le vivarium pour laisser ton tueur commettre son abominable crime ! Je me doute que non content de jalouser ma beauté, tu crains que je ne te dépasse aussi sur le plan de l’intelligence !

Tu voudrais me bris … »

Fou de rage, mis hors de lui par les reproches non-fondés qui lui sont adressés, Etilearsi empoigne son frère par les cheveux et le traîne jusqu’aux six vivariums qui se trouvent devant l’unique fenêtre de la pièce.

Ces vivariums ? Une autre invention de leur père. Alors que les serpents étaient généralement stockés dans des paniers en osier ou des jarres en terre cuite, Miholeh a l’idée d’utiliser des caisses dont les cotés ainsi que le dessus étaient constitués d’un cadre en bois emprisonnant une grille au maillage moins serré que celle utilisée pour la farine dans les tamis de l’époque.

« Dis moi ce que tu vois, pauvre fou ! » ordonne le présumé coupable en appuyant sur la nuque du plaignant pour le courber et lui placer la tête à hauteur des cages.

Ce dernier restant silencieux, l’aîné renchérit : « Aucun de ces serpents ne peuvent coexister dans un espace commun sans que l’un ne tue l’autre. Aucune de ces cellules n’est vide ! D’où provient le serpent qui à tuer l’animal que tu chérissait plus qu’aucun de tes semblables ? Pas d’ici en tout cas comme peuvent le constater tes yeux et ton esprit malade ! »

Mais Neiterhc n’en démord pas et met fin à sa torpeur.

Se dégageant de l’étreinte qui le maintenait plié en deux, il refait face à son frère. Sur son visage, tordu par la haine, ne subsiste plus aucune trace de la beauté dont il se targuait encore quelques heures plutôt.

« Je ne sais pas comment tu as fait mais je sais que c’est toi qui l’a fait ! » hurle t’il, prêt à frapper.

C’est le moment où, attirés par les cris, Miholeh et Amada décident d’intervenir. A l’instant même où ses parents font irruption dans la pièce, l’enfant hystérique se métamorphose en une créature au regard apeuré implorant l’aide de ceux qui sont assurément acquis à sa cause. Quand la gifle arrive sur sa joue droite il comprend qu’il s’est trompé et que s’il veut retrouver l’estime de son père, il devra tendre la gauche.

A cette époque, seule la main droite était utilisée pour les actions tournées vers l’extérieur (donner, recevoir, écrire, manger …).
Prendre une claque sur la joue droite signifiait donc que c’est avec le dessus de la main droite que le coup était porté. On infligeait habituellement ce traitement aux esclaves comme marque de mépris. Les êtres libres à qui l’ont appliqué ce type de sanction et qui ne souhaitaient pas répondre à la provocation, pouvaient toutefois manifester leur désapprobation en tendant la joue gauche demandant ainsi à être traités selon leur condition.).

Le petit prétentieux ne tendit pas la joue gauche, il se voulait fier mais nullement soumis à quelque autorité que ce soit. Il dévisageât sa mère avant de quitter les lieux en prenant bien soin de claquer la porte.

Tous comprirent que la cellule familiale venait d’imploser. Plus rien ne serait comme avant …

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Style : Nouvelle | Par Baal | Voir tous ses textes | Visite : 429

Coup de cœur : 11 / Technique : 11

Commentaires :

pseudo : BAMBE

Très belle écriture que la tienne, tu sais inviter à entrer dans tes univers et nous lier à ton histoire, bravo et coup de coeur.

pseudo : Baal

Merci BAMBE.