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L'un fini se laissant dépasser par Man Moon

L'un fini se laissant dépasser

Seul le bruit des vagues venait à mes oreilles, ce ronflement incessant m'avait tiré doucement des bras de Morphée. La nuit était encore profonde et porteuse d'espoir; cette étendue d'encre, au loin, s'enfonçait dans les mystères de l'infinie. J'étais à présent debout et me tenais silencieux face à cette immensité qui me berçait, le sable fin s'échappait sous mes pieds et la faible bise venant du large me caraissait alors le visage. Je m'approchais lentement du rivage, jusqu'à que mes pieds nus puissent sentir les flots encore écumeux. Je fermais les yeux et me laissais réconforter par cette atmosphère si sereine. En les rouvrant, j'avais l'agréable sensation d'être encore plongé dans mon rêve.

 

Je mis mes mains dans mes poches et partis vers l'inconnu, le plus loin possible; je voulais percer cette frontière entre utopie et réalité. Le ronronnement continu des vagues guidait mes pas. Les lumières autour de moi passaient mais n'étaient que des tâches insignifiantes dans la grandeur de la nuit. Encore une fois je m'arrêtais fixant au loin la continuité du ciel dans l'océan. Peu à peu une lumière se fit, je levais les yeux et vis dans le ciel, cette lune à demi pleine sortir et diffuser sa douce lumière sur l'eau paisible. C'est alors qu'apparurent toutes les vagues, toutes ces ondulations avaient l'air si semblables mais toutes étaient pourtant unique, chacune avait un charme, une grâce qui m'envoutait à chaque remoud.

 

Je tournais la tête et vis mes pas à moitié effacés par la mer. Mon présent n'a pas eu le temps de se finir que le passé s'active déjà à supprimer toutes empreintes de mon passage. C'est alors que j'imagine à coté de mes pas, ceux d'une autre personne, deux traces qui se rejoignent, s'écartent, se rapprochent pour finalement s'arrêter cote à cote, face à la mer. Je compris alors que la nuit devait se finir, que le rêve n'est absolu que lorsqu'il est vécu sous le soleil. Je me rassis sur la plage, confiant, tranquille et décidé. Aimer dans la lumière, ne plus se surprendre à espérer, se sentir enfin peu être vivant. Je pense ressentir cette volonté que la lumière soit faite dans mon cœur et mon âme, qu'enfin des gens puissent y lire facilement dedans.

 

Tout en pensant à ces agréables résolutions, je regardais le ciel étoilé qui brillait de milles feux. Les minutes passèrent, les heures aussi peu être, finalement c'est la notion du temps qui me passa. A ma gauche, le ciel étoilé commençait à s'épuiser et sa couleur sombre laissait place à un mélange plus lumineux; à présent rouge, jaune et bleu se confondaient. Je regardais la plage du coté soleil levant, tentant de porter mon regard jusqu'aux plus profondes limites du rivage pour espérer la voir surgir, marchant droit vers moi. Des courants d'airs chauds me parvenaient. Tout au loin était si calme. La chaleur se faisait de plus en plus intense. Je tournais lentement mon regard sur la droite, et vis encore la nuit brillante de toute sa clarté et son orgueil. Cette sensation de chaleur me rendait mal à l'aise. Je me tournais une dernière fois vers la partie s'éclairant progressivement. Je ne vis alors au loin que le néant m'appelant à le suivre. A le suivre dans cette réalité cruelle qui serait capable de déchirer un cœur et de le laissait dépérir à la vue de tous. La chaleur fit accéléré mon rythme cardiaque. Ce jour alors me fit peur . Cette ardeur commençait à m'empêcher de respirer.

 

Je me levais et pris la décision de revenir sur mes pas, revenir dans ce rêve qui ne m'a jamais déçu. Dans cette illusion qui restera sans fin et ne pourra jamais subir les outrages du temps et du vent. Mettant les mains au fond de mes poches, levant la tête vers les cieux, je me mis en direction de cette nuit apaisante qui comprend mes envies et désirs. Cette nuit où je suis le maitre de mes actes.

 

Voilà un moment que j'avais commencé à revenir et le souffle frais de cette nuit mélancolique me réconfortait, me rendait vivant. Je n'étais pas une partie de la nuit, j'étais la nuit, dans sa profondeur, ses doutes, ses craintes, ses secrets, ses mystères mais je l'étais aussi dans sa beauté, son charme, sa grâce et sa délicatesse. Tout près de moi, je sentais un second souffle. M'avait-elle suivie jusqu'ici ? Je m'arrêtais, me tournant doucement . Elle était là, souriante, charmante, envoutante. Ses cheveux étaient légèrement bercés par la fragile bise venant du large. La faible lumière diffusée par la lune sur son visage lui donnait un air enchanteur. Ses yeux brillants se plongeaient dans les miens et y lisaient à cœur ouvert. Je me retournais entièrement pour savoir si elle me suivait depuis longtemps, mais à ma grande surprise, il n'y avait aucune trace de pas au coté des miens. Je retournais mon regard vers cette fille mais, il n'y avait rien, elle avait disparu.

 

En souriant, je regardais cette demi lune malicieuse qui retournait mon sourire. Je pensais alors que le malheur se joue de nos vies si cruellement que finalement cela en deviendrait presque plaisant. Je fermais les yeux et consolé par le grondement des vagues, je marchais à ses cotés, ma main dans la sienne.

 

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