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Dignité perdue. par DoubleJe

Dignité perdue.

Alors je suis allée le voir. J'ai dit à mes parents que je voyais une amie en ville et je suis allée chez lui. Monsieur P. Il a fait des gros yeux en me voyant devant sa porte, il ne pensait pas me revoir un jour. Il s'était disputé avec mon père car, avec ses 32 ans, il voulait que je sois sa femme. A cet instant je me demandais ce que je foutais là, sur le seuil, immobile. Mais que pouvait-il bien s'être passé dans ma tête pour que je me retrouve là! Oui, il s'était bien passé quelque chose. Mais je pensais, si je retourne en arrière, si là maintenant je m'enfuis en courant, alors rien ne changerait. Je lui fis alors, et au plus profond de moi je me sentie ridicule, un de ces petits sourires qui veulent tout dire. Je me sentie salope. En vrai je n'étais pas fière.

Il me fit signe d'entrer. Je ne parlais pas. Apres tout, ce n'était pas pour chipoter que j'en étais arrivée jusque là. Il me proposa du café. Je n'aime pas le café. Puis on s'assis sur le canapé. Ca sentait l'herbe et le renfermé. J'avais gardé mon long blouson noir et mes cheveux foncés me donnaient une sinistre allure. C'est que certainement je savais que j'allais porter mon deuil à tout jamais. Le deuil de ma dignité. Je ne pensais plus rien, j'allais atteindre mon but si moche. Et puis si j'aurais pensé, je me serais détestée encore plus.

En fait il ne savait pas trop ce que je voulais. Alors j'ouvris mon manteau, laissant apparaître mon innocente poitrine qui débordait de mon tee shirt trop petit. Il me regarda commme s'il voulait vérifier que je lui offrais bien cette chaire pure. Je fermai les yeux.

Je sentis sa main sur ma poitrine. Ca y est. Ca commençait. Je ne bougeais plus, et me laisser faire. Ses embrassades vulgaires étaient violentes, il devenait fou. D'une main il me caressait violemment le sein gauche et me mordait le téton droit. Soudain je sentie sa main se glisser entre mes cuisses sérées et, sans me quitter le collant, il fit des va-et-vient sur mon sexe en le pressant. En peu de temps, nous étions nus. Il s'était déshabillé tout seul. Mes mains étaient restées le long de mon corps brûlant. Il me coucha sur le canapé et mis sa tête entre mes jambes. Sa sauvagerie m'exitait mais je me contentais seulement de fermer les yeux. Je ne voulais pas le voir faire. Ses coups de langue étaient brusques, il avait l'air d'aimer et je ne me souciais plus de l'odeur que pouvait avoir mon vagin. Je ne pus contrôler ma respiration qui commencait à accélérer tandis qu'il me suçait le clitoris. Je me raidis. Et il continuait, de plus en plus fort l'animal. Je n'étais pas fière. Il me traina sans délicatesse au bord du canapé et m'écarta les cuisses. Il entra dans moi. J'ai eu mal, très mal. Misérable existence. Sans doute ne s'était-il pas rendu compte qu'il venait de percer mon hymen tellement il m'avait pénétré avec entrain. Il ne s'arrêta jamais. Il était violent et son corps m'écrasait. Nous ne faisions plus qu'un. Je ne sentais plus le bas de mon corps. J'avais tellement mal. Je laissai une larme s'échapper. C'était avec un autre que je me voyais faire l'amour pour la première fois. Mais le remords fut bref. Monsieur P me porta et me coucha sur la table. Il ne devait pas être à l'aise. Il m'attacha les mains et noua un foulard autour de ma bouche. Comme si je me serais débattue... Il me pénétra à nouveau et pendant qu'il me baisait je scrutais le plafond, le regard vide. J'avais envie de pleurer mais il ne fallait pas. Les pressions de son pénis dans mon corps devinrent beaucoup plus rapides et profondes. Il commençait à gémir. C'est la seule fois où je le regarda. Son visage était d'un rouge vif, il manquait d'air et c'est avec mon corps qu'il jouait. J'avais terriblement honte du plaisir qu'il prenait à me dominer. Alors je relevais le visage. Sa respiration devenait très importante, j'avais de plus en plus mal, il ne faisait plus attention à moi, j'étais devenu son objet sexuel. Il me saisit les hanches et me donna de très violents coups. J'eus envie de crier mais, malgré le foulard, les mots ne sortaient plus, c'est en moi que ça hurlait, mais ces cris, personnes ne les entendaient jamais. Puis il se mit à prononcer des choses du genre " Oui, oui, putain c'est bon.. Oui, oui." Puis il sortit de moi, me détacha les mains et s'en alla dans la salle de bain.

Je restais là, nue et complètement sans âme. Je voulais mourrir, mourrir. Oui alors maintenant, je fais quoi? Ces affreuses questions revinrent aussitôt.

Je mis mon blouson sur mon corps souffrant et allai à la fenêtre.

Maman, papa, mes soeurs et mes frères, je vous ai tant aimé. Vous serez peut être malheureux mais je n'ai jamais étais aussi dégoutée de vivre avec moi même. De vivre avec ce corps, ce corps dans lequel je n'ai jamais eu l'impression d'être chez moi. Mais maintenant je me hais encore plus. J'ai perdue toute dignité, tout sentiment. Et je veux mourrir.

Je vous ai tellement aimé mais je n'en peux plus. Adieu. Victor, adieu, j'aurais aimé te manquer avant de partir.

Et là, je ne vois plus rien, je suis seule. Est-ce le néant? C'est étrange mais je me sens bien. Je n'ai plus mal parce qu'à présent je ne me sens plus.

Une tempête? Non, c'est seulement le vent du matin qui soufflait à ma fenêtre, je le reconnais. Ca me rassure.

Mais soudain je m'envole et le vent m'emporte avec lui, comme si je n'étais plus qu'un misérable grain de poussière.

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