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Charles et Emmanuelle par Achref Snoussi

Charles et Emmanuelle

« Je te tiens ! », soupira Charles d’un air badin, le regard brillant de mille feux quand il réussissait à chaque fois d’arracher des ris candides sur la frimousse angélique d’Emmanuelle. Depuis un temps, celle-ci, noyée dans un bain de bonheur grandissant, se laissait aller avec l’afflux généreux sans manifester aucune résistance. Ses yeux, deux saphirs éblouissants, perlaient d’une béatitude inédite, celle de la découverte d’une  première idylle véhémente miroitant le zèle qui s’auréolait autour de toutes les personnes amoureuses de son âge. Elle n’a que seize printemps alors qu’elle a vite fait de succomber au charme d’une aventure curieuse sur le plan affectif quand Charles, un copain de classe, n’a pas contesté de sortir la voile, monter la mer et embarquer, dans un climat propice, propre à fasciner les voyageurs intrépides à la recherche d’une félicité à deux. Les deux adolescents n’arrêtent pas de voltiger après chaque séance de cours qu’ils considéraient ennuyante. Dès que cette dernière fut terminée, ils se répandaient dans la nature, humant l’effluve suave de tout ce qui les entourait quand ils sont côte à côte, le bras dans le bras pendant tout le reste de la journée. Et lorsque la nuit les envahissait, des interminables séances SMS, levées en guise de support,  prenaient lieu pour évoquer ce qu’ils ont manqué de dire le jour.

De l’amour chaste, il y’en avait. Les deux jeunes amoureux n’arrêtent pas de courir derrière les hardes des papillons, de couler sous les trilles d’oiseaux, de pourchasser rigoureusement un délice fugitif qu’ils avaient l’habitude de trouver dans leurs ballades quotidiennes. S’incliner aux chants mélodieux de rossignols, admirer la parade exceptionnelle des hirondelles, contempler aisément tout ce qui était beau dans ce monde était tout ce qu’ils avaient à faire dans le fort de leur relation consistante. Charles était un adonis dont la nature a doté de toutes ses grâces. Il était si beau qu’un tableau artistique dessiné par un peintre ambidextre. Une magnificence s’éclatant de son visage adamantin laissait tous les regards, essentiellement féminins, fixes sur lui comme un homme de spectacle qui excelle sur le podium. Une nuit luisante se dressait sur sa tête parfaitement arrondie, longuement caressée par les doigts tendres de sa mère pendant toute l’aurore de sa vie. Des yeux aux couleurs incompréhensibles, sombres  de loin, mais loin d’être sombres, effilés comme une feuille verdoyante, s’étalaient entre des paupières, à peine visibles, dévoilant un regard pénétrant à partir duquel s’écaillait une malice vague et imprévisible. Ses sourcils, peu abondants, cloisonnaient sa face, opulente de beauté, par une haie droite ayant la coutume de  retenir les gouttelettes de sueur qui inondaient son front au moment des efforts physiques. Son nez de taille moyenne, marqué par quelques grains de beauté parsemés et limpides, mitoyen entre deux pommettes roses incorporées incontestablement dans le secret de son éclat, était noyé au font de son visage pour devancer une bouche minuscule séduisante et pourvue d’une teinte également rose, mais plus corsée. Vêtu d’une peau opaline, légèrement rosâtre, il scintillait dans l’univers comme un oiseau rare. Il avait une taille moyenne et un sourire marrant qui avait la coutume de captiver les regards. Quant-à elle, Emmanuelle, svelte comme une gazelle, ne manque rien pour dire qu’elle était une jouvencelle sans égale. Sous ses cheveux châtains, scintillaient des yeux azurés qui faisaient le piédestal d’une beauté indéniable. Sa mine angélique s’accentuait lorsqu’elle laissait émerger un sourire candide qui s’étalait, comme une vitalité immarcescible, sur son visage anodin. Ses joues s’empourprant dans les ultimes secondes des moments chauds ne dissimulaient ni sa personnalité coquette ni sa belle voix polychrome. On dirait qu’elle était née pour être un mannequin. Pourvue d’une taille parfaite, un atout de séduction inébranlable, elle ne pouvait guère empêcher les œillades, y compris celui de Charles, qui se déambulaient sur son corps jouissant de mille merveilles. On dirait qu’ils sont nés l’un pour l’autre, complémentaires et harmonieux, ainsi qu’une clé à la serrure. Dans leurs passages à travers les boulevards de la cité, ils réussissaient à chaque fois de figer les regards, voire même déceler l’admiration. Par contre, au lycée, comme des messagers de mauvais augure, les surnommés « amis » se réfugiaient au sabotage. Ce n’était pas aussi étrange que tout le monde savait inventer des histoires là parce que l’envie les étouffait de la belle aube aux tristes soirées. Même les professeurs, ils se sont rendu compte de l’intimité naissante entre les deux amoureux. Ils semaient, eux aussi, le barbelé dans leur chemin pour les évincer pendant les cours sous le prétexte qu’ils seront plus attentifs à leurs études. Tout cela ne faisait que trépigner le couple qu’il se précipitait à se réunir après chaque séance. D’ailleurs, même dans la classe, un langage de signes époustouflant a vu le jour sous l’affût mignon de ce penchant naturel : Loin d’avoir joué la chorégraphie, un jeu de physionomie, des gestes magiques, comme si les cœurs discutaient, s’échangeaient prépondéramment entre les deux épris alors que les autres s’efforçaient vainement à décoder ces messages indéchiffrables comme un grimoire. Un cancan parcourait le lycée où ils poursuivaient avec succès leurs études. Des critiques, parfois sévères, allant jusqu’au mépris les contrariaient mais ne faisaient que consolider leur amour sublime.      

                    

 

                     

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Style : Nouvelle | Par Achref Snoussi | Voir tous ses textes | Visite : 324

Coup de cœur : 8 / Technique : 7

Commentaires :

pseudo : hadjer

Magnifique texte ,trés riche en description de trés belles descripions ! Bravo.

pseudo : Achref Snoussi

Merci Hadjer :)