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Célestine par Calypso

Célestine

Un bras fort enserra sa taille nue, un souffle chaud vint chatoyer son oreille, la faisant frémir. Elle se laissa entraîner sur l’oreiller. Elle se glissa, telle une couleuvre contre ce corps en sueur. Elle ferma les yeux, tandis que lui, les gardait ouverts.

Trois jours qu’ils se connaissaient. Ils s’étaient rencontrés dans un bar paumé du coin. Elle, dans son jean Levi’s, cigarette aux lèvres, rouges vives. Lui, torse et pieds nus. Tous les deux complètement défoncés.

Et depuis… Et bien, depuis, ils ne se quittaient plus.

Ils s’étaient envoyés en l’air le premier soir. Elle ne lui avait pas sorti le jeu complètement bateau de le ramener chez elle. Elle l’avait raccompagné en voiture, elle s’était arrêtée au beau milieu de la campagne, au beau milieu des champs de blé. Elle était sortie en claquant la portière bien fort. Il l’avait suivit. Il ne l’avait pas déshabillé. Elle l’avait fait, toute seule. Sans un mot. Sans un soupir. A la fin, ils avaient des fétus de paille dans les cheveux. Ils se les étaient retirés mutuellement. Et pour la première fois, ils avaient rit aux éclats. Puis, il lui avait demandé son nom. Elle lui avait répondu qu’elle s’appelait Célestine. Il avait haussé les sourcils et rétorqué que ce prénom ne lui allait pas. Elle sourit. Elle savait qu’il ne lui allait pas, on le lui disait, on le lui répétait avec toujours ce petit haussement de sourcils, trahissant l’étonnement, à la limite du choc. Il n’allait pas avec l’agressivité de ses yeux, il n’allait pas avec sa démarche désinvolte, il n’allait pas avec la manie qu’elle avait de se mordre les lèvres. Il n’allait pas non plus avec la glace cinglante de ses répliques, ni avec le feu rauque de sa voix.

Elle ne lui avait pas demandé le sien. Elle avait trop peur d’être déçue. Avec sa peau tannée par le soleil, ses longs cheveux noirs et épais, la chaleur de sa voix, ses yeux brûlants, elle l’imaginait portant un nom de prince oriental, ou de jeune Bohémien parcourant les rues nu-pieds, harmonica aux lèvres. Si il s’appelait Nicolas ou Jean, le mythe de la jeune femme serait brisé, et jamais plus elle n’aurait envie de lui. Elle lui avait donc sommé de se taire.

 Désormais, ils logeraient dans ce bungalow. Dans cette chambre. Cette chambre qui sentait le tabac. Le tabac et la vanille. Et l’opium. L’opium et le thé à la menthe. Dans cette chambre, aux rideaux tirés, la teintant de ce rouge sang qui se reflétait dans leurs yeux, aux bouteilles d’alcool vides, aux cendriers pleins. Une semaine qu’ils se connaissaient. Ils ne se quitteraient plus. Jusqu’à ce qu’ils repartent…

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Coup de cœur : 10 / Technique : 9

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