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Immoral par Nicolai Illitch Modest

Immoral

Peut-on saisir le sens d’un texte dans son intégralité ? La forme est sans doute la plus importante en ces temps d’anti-culture, et chacun s’y attache, retrouvant dans certains néologismes hasardeux une honteuse et chaotique part de lui-même. Un texte qui est trop long, mal organisé (même cohérent) ou trop poussé dans l’absurde est irrémédiablement condamné. L’humour noir n’existe plus. La poésie véritable (recherchée, littéraire, bref : avertie, et pas parfaitement vide de sens pour les autres sans pour autant les ramener à leurs propres expériences) est dorénavant exilée.

Pas d’un commun accord, mais au fil du temps et que les cerveaux s’engourdissent, laissant peu à peu place à une inertie totale de la réflexion sur l’extérieur (pas son extérieur mais l’interprétation philosophique de la vie), tout le monde se laisse errer dans son amour-propre, se cherchant encore et sans trouver de réponses utiles à l’élévation artistique, ne faisant que s’enfoncer toujours plus dans une auto-complaisance dramatiques (ou rieuse, presque comme éclairée par quelque terrible vécu). Dans TOUS les écrits, le lecteur va s’identifier et rapporter chaque élément à sa propre personne, ne jugeant bon que ce qu’il a saisi (c 'est-à-dire ce qu’il a connu). Toute cogitation morale étalée dans ces « œuvres » a déjà été écrite, commentée, revue et consacrée à la gloire de chacun, sans jamais s’interroger sur une avancée quelconque.

Si l’on n’existait que pour soi-même on en serait certainement soulagé ; cela nous éviterait de fouiner dans les trites ou pathétiquement gais sentiments en mauvaise posture de nos doubles chéris pour croire y reconnaître le grand Soi (c’est spontané, et désormais chronique). Si nos braves prédécesseurs, dans la crainte que leurs incurables déficiences soient percées à jour, ne s’étaient réciproquement menti, ayant parfaitement conscience des mensonges des uns et des autres, nous nous serions simplement rétrogradés au stade primaire: l’humilité. Nous aurions recommencé pas à pas l’apprentissage des belles choses (sans les classer dans de morbides ou malaisément nobles préjugés). Le Diable chante à la messe.

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Style : Réflexion | Par Nicolai Illitch Modest | Voir tous ses textes | Visite : 570

Coup de cœur : 10 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : nani

Cette réflexion pose bien des interrogations, La toute première : "peut-on saisir le sens d'un texte dans son intégralité ?" pour ma part je dirais non puisqu'il y a beaucoup trop d'élément à prendre en considération au moment de l'écrit, à la personne elle même, à son vécu et ressenti, à l'image qu'elle voit et qui ne peut être la même quand on la reçoit, nous lecteurs interprétons aussi selon notre histoire personnelle, notre humeur du moment. Rien que ta première interrogation apporterait à elle seule tout un chapitre et si celui-ci est trop long comme tu le dis "il sera condamné"....

pseudo : Karoloth

Pourquoi devrait-on n'aimer que ce que l'on a déjà connu alors que ce qui fait l'intérêt de notre monde c'est l'attrait qu'exerce sur nous la nouveauté et l'inconnu. C'est assez étrange cette façon de décréter comment fonctionnent les lecteurs comme si tu pouvais te glisser en chacun d'eux et juger de leurs motivations, de leurs goûts. Ca me barbe les donneurs de leçons.

pseudo : Nicolai Illitch Modest

Il ne s'agit pas d'aimer mais d'émettre jugement approbatif concernant un éclat qui nous a pleinement révélé une sensation. Ces éclats sont différents dans la forme mais identiques par leurs nature, de même que la fameuse sensation.L'humour noir est enterré dans mon jardin.

pseudo : auto_psy

j'ai trouvé ça trés juste et trés bien écrit.. Mais ce n'est que n'est qu'un avis personnel, bien entendu...