1

En mathématiques, le point est une intersection entre deux lignes infinies; en grammaire, il se place toujours à la fin. Mais, si on veut mettre les points sur les i, doit-on être plutôt mathématicien ou grammairien? Ou les deux à la fois ? Ou encore, aucun des deux ?

2

La position de la lettre «i» dans l’alphabet est très intéressante. Il s’agit de la 9ème lettre. Si a = 1, b= 2, c=3 etc., le «i» représente la fin du système décimal. Il s’ensuit que mettre le point sur le «i», c’est signifier l’aboutissement de quelque chose; l’accomplissement du «neuf». Et si les grammairiens avaient raison ? Car sinon, pourquoi symbolise t-on en mathématiques l’unité imaginaire du nombre complexe, par la lettre «i»? D’un autre côté, la lettre «i» constitue t-elle une lettre imaginaire ? Ce n’est pas exclu, car en grammaire, la lettre «i» est une semi-voyelle, (ou semi-consonne).

3

Quand je dis à quelqu’un qu’on doit mettre les points sur les i, j’énonce, une phrase absurde. Car le «i» suppose déjà l’existence d’un point. Comment alors mettre un point sur le «i» ?

4

La typographie de la lettre «i» est intéressante à plusieurs égards. On peut y voir une posture phallique, ou même un message symbolique religieux. Le point qui s’élève d’une ligne, d’une infinité de points. L’être qui s’émancipe et par-là, donne sens, mais aussi un son, à une ligne, jusque-là, insignifiante. Mais entre cette ligne et le point, y a-t-il des points invisibles ? Pour s’émanciper, doit-on faire appel à l’invisible ? C’est la raison pour laquelle - peut-être - que les anges et les conseillers occultes, sont invisibles.

5

La lettre «ï» dans «Moïse» est composée de deux points. Attendu que Moïse, s’est élevé sur la montagne pour s’allier avec l’Être Suprême. Mais le «païen», étant foncièrement non-monothéiste, ne peut accepter un unique point transcendant. De même, pour le «laïque», qui coupe la transcendance ontologique en deux «êtres» opposables et égaux. Et quid pour «raïs» ? Et pour «caïd» ? Et quid pour le «kafkaïen» et le «dadaïste»?

6

On ne peut mettre les points sur les i dans «l’amour». Mais quand je dis «je t’aime», je suis obligé de mettre les points sur les i. Et quand je compte avec mes doigts, la lettre «i» correspond à l’annulaire. Il semblerait que ce doigt est le premier qui se forme lors du développement du foetus. Il semblerait aussi que la veina amoris relie ce doigt au coeur. Il semblerait enfin, que chez les prêtres, ce doigt signifie le saint-esprit.

7

Le «X», dans «sexe» est-il un point ? Un point sans i ? Un pont ? Cependant pour ce qui est du verbe «haïr», y a t-il un point de trop sur le «i»? Est-ce la goutte d’eau qui fait déborder la coupe ? La goutte de sperme de trop, pour assurer la métamorphose humanoïde du spermatozoïde ? La lettre «ï» dans «haïr» est-elle la même que celle qui se trouve dans «Caïn» ? Désigne t-elle la transgression sanguinaire ? Il semble cependant que la lettre «ï» dans «Caïn» et même dans «égoïne» serait sans doute la même que celle qui se trouve dans «coït».