Me regarder les pieds tout ronds se dandiner,

Les orteils dressés aux contours imparfaits,

Si petits et pourtant encor' si fatigués,

Je ne sais si je vais pouvoir remarcher.

Me regarder les mains s'agiter mais en vain,

Mes p'tits doigts boudinés se démener pour rien,

Trentenaires et pourtant encor' si incertains,

Je ne sais si je vais les déméler enfin.

Regarder mon nombril de mai jusqu'en avril,

Il faudra bien qu'un jour je découpe ce fil

Qui me mène vers elle, cordon bien infutile,

Je ne sais si je vais dégonfler le baril.

Regarder mon reflet dans la glace onduler,

Je suis bien décidée à percer le secret

De ce bouton tout rond au milieu de mon nez,

Je ne sais si je vais pouvoir m'arrêter.

Regarder devant moi les années s'étaler,

Penser à mon passé surtout ne pas pleurer,

Tout bas imaginer un futur doré,

Je ne sais si je vais un jour le toucher.

Les pieds les mains ce point au devant de mes reins,

Et  même ce reflet dans la glace d'étain,

J'enferme mes défauts  tout au creux de mes mains,

Je les envoies valser espérant que de loin

Tu vas les attraper et mêler aux tiens.

Puis écouter mon coeur m'inonder de chaleur,

Balayer d'un seul trait tout' ces vieilles rancoeurs,

Te prendre par la main pour ne plus avoir peur,

Je sais bien maintenant qu'il reste le bonheur...