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L'animal par Cédric Maidwith

L'animal

Regardez-moi comme un animal, car je ne suis plus un Homme. Il me serait facile de me rappeler celui que j’ai été, de toutes ces maitresses, plaisir de la vie et bonheur c’est ainsi qu’elles se faisaient appeler. De toutes ces peurs que je narguais, de ces peines qui me griffaient le désir et me tenaient en suspens…

Le train est passé, mon sentiment d’envie s’est dispersé il s’est emmêlé à son chemin dans des rails perdus à jamais ? Perdus c’est une certitude. Ma conscience s’est réveillée et les démons qui vont avec me sont réapparus vieux amis plus bandants que ces anges rieur petits bouts de crasse petits bouts de rien. La joie ne sert à rien, elle vous aveugle regardez vous, le miroir se perd et ne reflète plus rien de vous, il part il fuit vous courez après mais il est déjà loin, sur les traces de ce train et des rails noircies, putes pour les roues, libres et tristes dans leur longueur infinie. Saoulé comme en arrivant au terminus, ce soir je fuis ce soir je me retrouve celui qui ne connait pas le chemin, rien à dire ni à exprimer, le prix d’un ticket pour un voyage unique un voyage solitaire plein d’espoir car c’est sur le chemin de l’oubli que je m’engage et enfin pleurer, m’évanouir d’avoir trop pleuré.  Le mal qu’on se fait à attendre demain… Aujourd’hui j’ai pris ma route j’ai tout abandonné tout ce qui faisait de moi un homme j’ai donné mon dernier sentiment au vent et mon cœur à la vue du ciel, une brise m’a dit que je devais tout rendre, c’est ainsi tout se perd rien ne nous appartient définitivement. Quel soulagement, quelle sérénité je n’ai plus rien à vous prouver, je peux être ridicule sans que cela ne vous offense car je ne vous regarde plus on ne se regarde plus, le miroir à fuit et je ne reflète plus la petitesse. Je n’ai pas brulé ma conscience elle m’appelle parfois à la raison, la raison que je me refuse d’écouter car je suis fier de ne plus l'entendre depuis quelques temps.

Le train continue d’avancer et moi de le prendre à chacun de ses arrêts, terminus ils disent en route je crie. Je suis comme un chien dans cette arène noyée par la nuit et sa lune rousse, furieux de ne pas pouvoir faire entendre ma rage, un chien fou prêt à japper pour que le sable de cette arène fasse place à cette rage, c’est la fin mon ami, c’est la faim mon ami dis je car j’ai faim d’en savoir plus, d’en entendre plus d’en vivre plus, et le crissement des roues m’interpellent sous le porche de cette arène, elles me narguent elles m’invitent alors que vais-je faire, oui dis-je oui j’arrive à genoux mais pas anxieux. Je rentre dans la première cabine, un puzzle de sentiments répandus par ci par-là, un signe pour ne pas être sage. Une merveille de désordre. Un vieillard  sortit de sa cage me salut, jour de fête pour lui. Un drame se prépare, une odeur onctueuse, un visage crispé, un regard lointain, qui est-il que vois t’il en moi que je ne peux cacher ? La nausée me prend, c’est rassurant, elle m’empêche de passer chemin, j’arrive. La téquila coule le long de mon verre, j’hurle encore et je picole en compagnie de ce clochard voisin de siège qui dégueule d’incroyable phrase de famille liberté amour et autres conneries. Le mal qu’il me fait. Qu’il sorte, qu’il crève, qu’on en parle plus. Et il parle encore et j’hurle encore et l’on boit, on boit pour rire et pleurer, les salops. C’est insoutenable ce désordre.

Hier j’étais un Homme, une souffrance plus loin je ne suis rien de plus qu’un animal.

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Style : Pensée | Par Cédric Maidwith | Voir tous ses textes | Visite : 642

Coup de cœur : 13 / Technique : 10

Commentaires :

pseudo : Iloa

Waouh... C'est un texte qui coupe le souffle. Merveilleusement bien écrit ! Bravo !

pseudo : monalisa

Magnifique pensée, chut on écoute les mots qui percute l'âme! Merci de ton commentaire, les notes t'attendent !!!!!

pseudo : malone

Aïe aïe aïe! Et bien l'ami tu te fais attendre, mais quand t'arrive c'est à grand coup de phrasé dans la gueule! nan c'est juste excellent, tu m'as régalé. Je garde en tête ta dernière phrase elle me fait planer...

pseudo : Cédric Maidwith

Merci pour vos commentaires. Iloa jolie papillon, garde ton souffle et continue à battre tes ailes. Monalisa, je continue à gouter à ce "Fruit défendu" il y a tant de notes que j'aimeraient croisées... Malone, c'est toi qui apporte le festin merci de venir, les pensées de diderot peuvent t'intéresser sur l'homme animal.

pseudo : Karoloth

Ce texte m'accroche, d'autant que je pourrais être ce clochard aux propos lénifiants tout aussi bien que cet homme jeune et déjà désabusé. CDC!

pseudo : Cédric Maidwith

Je t'offre un verre Karoloth pour qu'on en parle et plus encore car l'ivresse apporte bien plus qu'une gueule de bois, elle ouvre les carapaces. Merci

pseudo : Ombres et lumières, une vie

Waouh ! Cdc !