Publier vos poèmes, nouvelles, histoires, pensées sur Mytexte

La lune de décembre par Sxxx

La lune de décembre

 

Quelques pièces écrites dans l'urgence des petits matins ombreux de Décembre.

 

La lune rongée

 

 

 

Le ciel est vide

Tandis que les camions de Mumbay déversent

Le brouillard sur la ville

Désespérément vide au-dessus de la bouée du point Zéro.

Flottant sur un Océan muet

 

La lune ricane de mon attente!

Virevoltent les feux follets

Qui se divertissent du tourment des mortels.

L'ombre gémit. Fauves où estes-vous

Que je me jette entre vos griffes?

 

Même pas peur!

Le grand lustre d'acier darde ses lumières

Qui enlaidissent la peau.

Le rouge des piments, les méduses bleutées

Clapotent dans la mangrove boueuse.

 

 

La lune en son quartier est rongée par les rats.

Oiseau bleu déchiqueté par les pointes accérées

Du rebord de fenêtre

Avez-vous perdu tant et tant de votre sang d'or

Que vous ne sachiez ni rester ni vous envoler?





La lune déchirée



N'importe quoi, vite! Je dois créer des ondes dans l'eau pour y mirer mon amour.

 

Jette une pierre dans la mare.

 

Quelle pierre? il n'y en a point sur la berge.

 

Alors, pauvrette, il ne te reste plus qu'à plonger. Qu'importe si tu ne sais pas comment survivre l'eau visqueuse dans la bouche, l'eau glacée dans les poumons, l'eau ardente dans mes entrailles. Il faut.

 

Bourreau!

Je relève mes jupes, je m'enfonce dans la vase à la rencontre du monstre aux écailles comme de couperets. Et tu ris! Mon sacrifice ne te suffit pas?

 

L'horreur te veut nue. Débarrassée des gimbardes du paraître. Dépouille toi, vieille femme. Tu tardes à ma volonté.

 

Comme une tunique empoissée les vêtements collent à ma peau. Glacés. Mes ongles impuissants ne savent les arracher.

 

Déchirons ...

Ainsi tu es belle devant mes yeux aveugles. Chairs décharnées frémissez sous le blizard. De toutes les manières, vous êtes mortes.

 

Point de promontoir pour me servir de rocher. Pourquoi ricanes-tu?

 

A force d'inutiles rêves, la rivière a laminé sa berge. ... Peut-être subsiste-t-il un arbre mort qui plonge de vaines racines vers l'eau de l'Apsou. Un rosier se nourrissait de mon eau, autrefois, en aval.

 

Je me jetterai du haut de cette branche.

 

Vaines promesses. La Vie m'en a tant faite. Regarde moi: masse immonde et visqueuse, je gis me délectant de la fange insensée où je me roule.

 

Oui, je grimpe le long du tronc où déchirent les lianes épineuses. Ta gourmandise se lèche les babines. Le sang dégouline de mes éraflures.

 

Plus haut, encore, plus haut.

 

A califourchon, les épines pénètrent dans mes chairs les plus adorées.

 

Tu jouis.

 

Les goûtes d'entre mes cuisses glissent dans l'étang. Sanguinolentes comme une vierge. Tu tends la gueule pour les happer, je te vois, tu te délectes.

 

Balivernes!

 

Hippopotame rouge, bête futile et sourde, dresse tes oreilles au lieu de les faire tourner dans le vent. De mon perchoir j'entends les silences hurler de tendresse. L'amour irise de promesses les ponts de l'arc en ciel.

 

Sans une pierre dans l'eau, je n'écoute pas les ondes de l'écho ... Le tourbillon ludique de mes oreilles infirmes ne perçoit jamais le murmure des Zéphirs. Hurle! Il faut que j'entende.

 

Je tombe. La pierre, je l'ai trouvée! C'est moi, je me noie ...

 

Oh ce cri. Enfin!

 

 

 

La lune en son propre festin

 

 

Je boirai à votre coupe, oh seigneur, tant que vous le la tendrez. Qu'elle soit remplie de poussière ou d'étoiles, je boirai à votre coupe.

Mes lèvres en silence dégustent le poison. Sur ma langue, il devient du miel.

Vous essuyez de votre doigt bagué de rubis le fiel qui dégouline sur ma joue. Appuyée sur votre torse cuirassé, je ne sens que la chaleur qui arde sous l'armure. Chevalier de fer, vous brûlez. Je suis ivre de votre lave. De pamoison, je vais glisser à vos pieds.

Délices effrayants. Qu'avez vous fait dans ce silence? Rougeoit une larme de sang à votre bouche. D'où vient-elle? Elle scintille quand vous me souriez, rassurant, hypocrite.

Si je vous assure, je la vois. Elle brille.

Oh!

La chaleur coule le long de ma gorge et goûte sur mon sein.

Suis-je heureuse! vous avez daigné me baiser de vos crocs accérés.

J'en mourrai.

Pâmée.

A vos pieds, je suis bien ...

 

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : Poème | Par Sxxx | Voir tous ses textes | Visite : 731

Coup de cœur : 13 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : jad61

Très fortes sensations! Avec ta lune de Décembre tu as fini en beauté l'année 2009. Je te souhaite très bonne année 2010!

pseudo : Sxxx

Merci.