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Ilot sacré par Bolom

Ilot sacré

De courtes heures en face d’elle. La colère, le frustration, plus d’une année de souffrances sans répit, dont elle est la source mais qui furent et continuent également d’être auto-infligées, sont enfouies. Tout cela n’a servi à rien, la torture ne débouche sur aucune solution, tout est là, dans son regard, ses joues, sa bouche, sa peau, sa voix, son corps, ses mimiques, ses questionnements, sa douleur, sa joie, son bonheur, sa mélancolie.

   Le reste est réduit à néant. Il ne reste qu’elle. Il n’y avait qu’elle. Je fondais et me noyais dans la Nadia de mes souvenirs, je me décompose alors que mon coeur est sur le point d’exploser devant la Nadia de mon présent. Nous nous enivrons. Je la dévore. Je ne veux pas qu’elle s’en rende compte. Je risque de la perdre à nouveau. Elle me reconnait. Elle ne m’a pas oublié. Je l’ai perdue. J’en ai retrouvé une partie. Non, c’est elle, entièrement, ça a toujours été elle. Elle est elle-même. J’en viens à l’aimer encore plus pour les souffrances infligées. Si c’est elle la coupable, si aucune force étrangère à son propre coeur ne lui a dicté sa conduite, alors je ne peux qu’aimer cette conduite. La victime amoureuse de son bourreau? Je ne m’y résolus pas, il n’y a ni victime ni bourreau. Il y a deux souffrances différentes, c’est tout.

   Les sensations d’autrefois reviennent me hanter et m’écarteler. Le temps a fait son oeuvre destructrice. Elle a rencontré quelqu’un. “C’est peut-être lui”, m’assène-t’elle. La symbiose théorique entre elle et lui est un flacon de vitriol violemment jeté sur mes pupilles. Pourtant, mon amour est là, vain. Il veut se déverser, mais la crainte de la voir fuire est trop grande. Le vin transforme ou nous ramène vers le Vrai, le dérapage n’est pas loin. J’ai envie d’elle, mais mon amour est trop sincère pour que nos corps s’unissent sans que nos coeurs ne le soient. Je ne puis qu’être entièrement incertain de ce qui se trouve dans son coeur. Peu importe, il ne sert à rien de vouloir rattraper le passé, seulement ne laissons plus le temps se perdre.

   La douleur est enfouie, mais où l’enfouir autre part qu’en moi-même? Elle est ma chair, mon équilibre, mes sensations. Elle est mon amour. Elle est aussi un checkpoint où mon amour ne possède pas les papiers lui permettant d’aller retrouver le pays de son épanouissement. Je sais que s’il force le barrage, il finira criblé de balles, sautant sur une mine, depecé, brûlé vif mais toujours debout.  
Ma douleur est désormais mon point de référence, mon principe d’action, celui qui me guidera dans la suite de la relation que je ne peux que choisir de construire avec Nadia. Elle ce qui me permettra de l’aimer tout en m’empêchant de l’assumer.

   Toute ma vie passe par ma princesse absolue. Mes projections d’espoir comme de mort. Je ne lui ferais pas supporter ce fardeau. J’attends de voir l’avenir se dessiner. Je n’ai toujours fait que ça, à part cette parenthèse de 11 mois, j’ai l’habitude.

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Coup de cœur : 10 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : BAMBE

Quelle ode à la cruauté de l'amour, espérons que l'avenir sera clément à cet amant éploré.