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Une aventure de Max Muldrit - 7 - Le procès - Épilogue par Mueller Alex

Une aventure de Max Muldrit - 7 - Le procès - Épilogue

7 – Le procès

Il me semblait important de mettre Madame Nadine Fehlder au courant de mes découvertes en ce qui la concernait. Une telle démarche faite par téléphone pouvait mal tourner. Avec le caractère explosif de Nadine, il valait mieux que j'aille à St Quentin Fallavier mais pour cela, je devais obtenir un droit de visite.

Le refus du juge d'instruction P.-A. Mayen. fut catégorique et sans appel. « Jamais avant un procès, vous n’y pensez pas ! » En conclusion, Nadine ira au procès sans connaître tout ce qui la concerne.

Le jeudi 17 mai 2007, le facteur déposa une lettre venant du tribunal de Millau. J’espérais un revirement de conscience du juge Mayen. Qu’elle ne fut pas ma déception de lire que la missive m’annonçait que le bâtiment du tribunal allait être rénové de juin, juillet, août 2007 et que provisoirement le tribunal siégerait dans une dépendance appartenant à la Commune à l’Avenue Languedoc. Il y avait une annotation qui précisait que l’hôtel en face mettait à disposition du Tribunal des places de parc durant les audiences.

Comme le monde est petit ! L’hôtel c’est justement celui dans lequel j’ai dormi le jour de l’agression. Et pour couronner le tout, et je m’en souviens parfaitement, il y avait un MacDo tout près. Marie sera heureuse.

 

*******

 

En ce vendredi 8 juin 2007, 14h30 avait déjà passé lorsque enfin la Cour fut annoncée.

Tout le monde se leva. La Cour entra et Monsieur le juge nous pria de nous asseoir. Il n’y a pas à dire, c’était solennel.

Ma place se trouvait parmi les plaignants. Nous étions cinq sur les six agressés. La dame de 72 ans qui avait subits des lésions était sur mon côté gauche. Mon Dieu qu’elle paraissait timide et finalement bien gentille.

Nadine entra encadrée par deux agents en uniforme. Sa responsable avait fait un miracle. Nadine était splendide. Elle portait un petit tailleur qui lui allait à merveille. Les cheveux parfaitement coiffés entouraient son visage très légèrement maquillé. Ouaw ! Elle était tout simplement époustouflante, Nadine.

Ma voisine fut entendu la première. Elle raconta comme elle avait été sauvagement agressée par l’accusé. Elle regarda Nadine et Nadine soutint son regard.

Ce regard la déstabilisa. Alors elle ajouta qu’heureusement, aujourd’hui,  elle allait beaucoup mieux. Il lui reste bien quelques séquelles pas trop importantes termina-t-elle.

Le juge en véritable homme de loi, lui posa des questions relatives son état de santé et à chaque question, la pauvre dame, perdait un peu plus de ses moyens. Quand il aborda le thème de l’argent dérobé, elle reprit aussitôt les commandes. Ce problème lui tenait plus à cœur que ses petits bobos. Visiblement, le manque d’argent lui posait des problèmes importants. Chaque sou contait dans son petit budget.

Le juge la libéra d’un « Vous pouvez vous asseoir ».

Ce fut autour de mon voisin de droite d’aller exposer ses revendications. L’homme était pragmatique. Il voulait récupérer les mille Euros que l’accusé lui avait pris. Un point c’est tout !

Le troisième plaignant était vraiment un plaignant. Il commença par dire combien cette agression l’avait traumatisé. Depuis, il ne pouvait plus dormir. Il va de cauchemar en  cauchemar et ça, toutes les nuits. L’argent dérobé l’avait mis dans une situation dramatique, à tel point qu’aujourd’hui il était fiché à la Banque de France. En plus des 700 Euros dérobés, il réclamait vingt mille euros de dommage et intérêts pour tort moral.

Le juge lâcha un petit « Rien que ça ! » et l’invita à s’asseoir.

Mon tour arriva. Mon cœur battait et les jambes, c’était limite. Il y avait bien une petite barrière en demi-cercle pour s’appuyer si nécessaire, mais comme on était dans un prétoire provisoire, elle n’avait pas été fixée au sol et bougeait à chaque mouvement.

Après les introductions d’usage, je commençai :

- Monsieur le juge, cette petite malfrat.

Je n’avais pas prononcé ce mot que le juge, au milieu d’un subit silence de l’auditoire, m’interpella sèchement.

- Monsieur, vous n’avez pas à utiliser de telles expressions pour désigner un accusé. Je vous prie de peser vos mots.

Cette fois le silence était à son comble. Il n’y avait plus un bruit. Sur les chaises personne ne bougeait de peur de produire un grincement. Les tousseurs préféraient suffoquer que d’émettre un son. Un tel silence ne contribuait pas à m’enlever le trac du ventre pourtant je repris

- Monsieur le Juge vous avez parfaitement raison.

L’auditoire était suspendu aux mots que j’allais prononcer :

- C’est juste, Madame Fehlder, n’est pas une malfrat, bien au contraire. Déjà. Lors de l’agression, j’avais remarqué, malgré l’obscurité que l’arme qui me menaçait, n’avait pas été désassurée. Ceux qui tirent sporadiquement au pistolet savent qu’il est très difficile de désassurer une telle arme sans utiliser l’autre main. Donc le danger n’était pas aussi éminent qu’on voudrait le prétendre.

D’autre part, les documents qui m’ont été remis, fond état d’une personne sans parents et sans profession Sur ce point, j’ai été induit en erreur.

Là, Nadine eut un petit sursaut. J’ai senti tout son être, être aux aguets.

- Car j’ai découvert que Madame Fehlder est infirmière diplômée.

Nadine coupa. « C’est pas vrai, j’ai raté ». Sans lui prêter attention, je repris

- J’ai ici la preuve qu’elle est infirmière diplôme.

Je sortis la photocopie du diplôme avec le timbre de l’école de Lons-le-Saunier et la signature de Monsieur le directeur Marmier.

 

Je la montrai brièvement à Nadine, qui sous l’effet d’une telle annonce, n’arrivait pas vraiment à lire. Sans lui en laisser le temps, je la repris pour la déposer devant le juge qui, un peu moins abasourdi que Nadine, n’en montrait pas moins des signes d’étonnement.

Je racontai brièvement les péripéties du diplôme. Le silence de l’auditoire s’était changé un brouhaha. Je repris :

- Quant aux parents manquants selon le rapport du juge d’instruction et bien ce n’est pas qu’elle n’en a pas mais au contraire, c’est qu’elle à deux mamans et deux papas.

Le brouhaha de la salle s’était changé en tumulte. Le juge tapait avec son marteau en demandant le silence

De mon côté j’observais Nadine. J’étais très inquiet sur la façon dont elle allait encaisser le coup. Apparemment ça ne se passait pas trop mal.

Bien sûr j’ai raconté comment j’avais retrouvé ses parents, mais j’ai surtout insisté sur les remords qu’ils avaient eus envers Nadine et combien ils espéraient qu’elle leur pardonne.

Là Nadine avait les yeux en larme. Je savais, à cet instant, qu’elle leur avait pardonné.

Je finis par dire :

- Eh oui, les deux papas sont là dans la salle pour assister Nadine dans cette épreuve.

Tout le monde chercha à voir les deux personnes. Je revois encore ces deux hommes, assis l’un à côté de l’autre, tétanisés par une telle notoriété subite.

Je continuai :

- Les deux mamans sont au MacDo, ici, en face, avec Marie et Sœur Agnès, la responsable de la fillette de l’accusée durant sa détention. Ces deux grand-mamans, ne se sont pas sentis la force d’affronter tant d’émotion. Elles attendent donc là, juste à côté.

J’enchaînai :

- Monsieur le Juge, au vu des circonstances tout de même particulières qui viennent d’être énoncées ici et qui ne figuraient pas dans les documents qui m’ont été remis, je me vois dans l’obligation de dire qu’une infirmière diplômée n’attaque pas les gens dans la rue, si elle n’y est pas obligée. Vous conviendrez aisément que la petite malfrat du début devient maintenant plus une victime qu’une brigande. En conséquence, j’estime que l’accusée a agi par légitime défense pour elle et son enfant. On ne peut la condamner.

Après m’avoir invité à m’asseoir, le Juge un peu embêté par mes allégations, montrait un petit air satisfait en guignant sur Nadine qui avec quelques larmes dans les yeux avait vraiment l’air d’un ange.

Le cinquième plaignant à presque sceller l’affaire en disant : « Après ça, vous voulez que je dis quoi, M’sieu l’Juge ? »

Il n’avait pas terminé sa phrase que des hurlements de sirène de pompiers envahir la salle. En effet, plusieurs voitures de premiers secours arrivaient sur le parking devant les fenêtres du tribunal.

Le juge fit patienter jusqu’à ce que le bruit diminue. Le juge allait reprendre quand un des membres de l’assemblé assis en bordure de fenêtre cria : « Mais, ils vont au MacDo »

Nadine poussa un cri « Marie !»

La salle commença à se vider. Les gens voulaient voir. Nous les plaignant, - en tout cas moi -, on a filé dehors.

Le juge, le pauvre, sur son perchoir, essayait de mettre de l’ordre, aussi impatient que tous les autres, à pouvoir sortir voir ce qui se passait.

J’étais maintenant devant le resto. Il y avait-là, un véhicule de désincarcération, des lances à incendie déployées, une ambulance du SAMU.

J’essayais de savoir ce qui se passait. Un pompier me dit avec un « assent du Midi » à couper au couteau.

- Mais c’est une bonne Sœur, elle s’est coincéegue dans les jeux d’enfants. On ne peut plus la sortir, il faut tout démonter.

Dans le MacDo, le spectacle était hallucinant. Des gens qui courraient partout. Au milieu de la grande façade jaune des jeux pour enfants, les pompiers avaient enlevé, à l’aide d’une gigantesque ventouse, le plexiglas qui recouvrait la fenêtre centrale, ronde.

Au bas de cette ouverture, apparaissait la tête de Sœur Agnès, comme prête à recevoir la guillotine. Dans la partie supérieure des installations, courant de toutes ses petites jambes, Marie défilait à toute allure. La voix d’un autre pompier marmonnait sans grande conviction, d’ailleurs.

- Mais petit, il te faut sortir. Il ne faut pas rester là.

En me voyant, cette pauvre Sœur Agnès couchée sur le ventre, avec un pompier derrière qui poussait et un autre devant qui tirait, est devenue rouge de honte.

Marie a dû m’apercevoir car soudain sa petite tête à jaillit au-dessus de celle de Sœur Agnès, en clamant :

- Max, Sœur Agnès, elle est géniale !

Marie subitement s’immobilisa net. Releva la tête un peu pour regarder par-dessus mon épaule et cria :

- Maman !

 

Épilogue

Nadine fut condamnée à deux mois de prison ferme suite aux blessures infligées à la personne âgée, agression qui ne pouvait être mise au bénéfice d’une quelconque nécessité. Comme elle avait déjà fait six mois de préventive, soit quatre mois de trop, elle fut dédommagée par une indemnité qui lui permit de rembourser les sommes volées et les mille Euros accordés au plaignant plaignant.

Nadine fit un accueil chaleureux à ses parents et ses nouveaux et vrais parents. Tout a été pardonné. Quant à Marie, elle, elle était aux anges avec deux grand-mamans, deux grands-papas et une Sœur géniale qui priait pour elle.

Nadine a trouvé un travail comme infirmière à l’hôpital de la Sauve-Garde à Lyon.

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