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L'or et la mélasse par Cédric Maidwith

L'or et la mélasse

Je suis un revenant. J’ai connu l’abondance, la déchéance. J’ai toujours voulu fuir les cages, je m’en suis formé une sans avenir. J’ai perdu toutes notions de plaisir un joli jour d’été, pour moi la vie n’était plus la même et j’entamais ce combat qui débutait au petit matin mais ne se finissait jamais le soir, jamais. Le soleil ne me brulait pas, je ne le côtoyais plus, seule la lune savait attiser mon ardeur et j’assouvissais mes angoisses dans les artifices, douces sensations, vite mon bras se glace.

 

« Chaque nuit je me lasse de trouver mon repas.

Dans les couloirs nappés de crasse, de désespoir,

Où mes abus s’amassent courant sur les trottoirs

D’une ville qui s’éveille en nausée de tracas. »

 

Tout était si facile, si rapide, en un instant je n’étais plus mélancolique. Mais tout à une fin (faim) et vers 3h du matin je revenais à la vie. Dure réalité, j’étais entouré d’enfants fantomatiques naviguant dans leurs délires intenses aux souffrances terribles. J’accrochais ma gueule de paumé sur ce corps blanchâtre, le marmot voulait son repas intraveineux, la solitude était réelle, la détresse était réelle, la folie, la démence. 

 

« Noire brune rouge, la flèche me laisse martyr

Et je place mes doigts sur le coton de glace.

Rouge jaune blanc, le lâche préfère s’enfuir

Dans mes rêves torturés par l’or et la mélasse. »


Fuir à ne plus savoir où j’étais, discutait seul, s’écroulait seul, refoulé sentimental. Puis vient ce que l’on redoute, une sombre nuit d’hiver… Somnolence irrésistible, mes yeux se ferment, flou total, on me bouscule on me frappe, je gémis, lèvres bleues, coma, sirène, SAMU, regards hostiles, infirmières, drap blanc mur blanc, je déteste le blanc.

 

« Je glisse comme un serpent, la défonce à un prix,

Mon souffle devient court, je somnole lentement.

Mille voix me parviennent plus pénibles qu’avant,

Elles stimulent mon cœur quand flotte mon esprit.

Le sacre de la lune sonne les minuits.

Sur le sol d’un vert pâle, la morale est perdue.

Alors je m’engouffre dans leur drap, un répit ?

Dans cette chambre sans couleur je m’endors, déchu. »

 

Satisfait ? Rassasié ? Evidemment non, j’en voulais plus et plus encore, j’avais survécu une fois alors, vive la fuite …

Donnez moi les doses de Dolosal, puisqu’il faut vous faire plaisir, parfois je mens, oui je serais gentil oui promis madame, monsieur… vive la fuite.

Vite plus vite, je veux rejoindre les marmots et marcher de nouveau de travers, les querelles la détresse le malheur, mon enfer.

Et puis, elle m’est apparut comme une évidence sur le quai d’une gare du sud, une jolie fleur des rues et mon cœur cette fois ne s’arrêtait pas de battre pour la  méditerranéenne à l’accent chantant… le hasard a voulu que je monte cet escalier, 10 ans déjà que j’ai laissé l’autre en bas, il doit attendre toujours…

 

« Journée rose devant le soleil rouge,

Dans le matin satin, grisé par la grande route,

Dans tes cheveux châtains qu’une fine brise bouge,

Esclave au noir de tes yeux, j’efface tout mes doutes. »

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : autre | Par Cédric Maidwith | Voir tous ses textes | Visite : 704

Coup de cœur : 11 / Technique : 12

Commentaires :

pseudo : BAMBE

Une histoire pas si dramatique finalement et si bien contée que j'en ai suivi avec grande émotion chaque mouvement, encore une forme de dépendance mais bien douce cette fois. Bravo et coup de coeur.

pseudo : Iloa

Un très beau texte. Ta prose est poétique, de belles métaphores lui donnent une profondeur que j'aime. Et tes vers...Pfff...ils sont magiques. Un grand CDC.

pseudo :

Merci. A l'origine c'est un poême, Peractum est, je l'ai coupé puis entrecoupé de petites phrases, une sorte d'explication de texte :)

pseudo : pupucekib

Made with a lot of talent !!! Bravo

pseudo : Cédric Maidwith

Merci pupuce