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L' Humanité par cymer

L' Humanité

L' humanité.

 

La nuit aurait pu être calme et le ciel dégagé,

on aurait pu croire au firmament en voyant les étoiles au fond de l' univers percer de vie le noir tableau des ténèbres, la voie lactée aurait pu traverser le ciel de part en part comme un voile d' argent et éblouir les hommes de sa beauté et de son mystère.

On peut imaginer que l' encéphalogramme des montagnes se devinait juste un peu lorsqu' il venait couper la route aux étoiles filantes.

L' air était certainement tiède de la chaleur diurne précédente et une légère bise devait caresser le feuillage des palmiers plantés fièrement dans cette vallée aride et aux quatres coins du village.

Sous les rares lampadaires dansaient peut être quelques insectes attirés par la lumière jaunâtre, qui envoyait son aura contre les murs en terre cuite et de briques bon marché, arrosés de peinture écaillée.

En observant bien, on aurait même pu porter l' attention sur de petites plantes méritantes qui avaient trouvées source de vie au pied de ces murs.

Le calme de ces ruelles nous aurait paru éternel, on aurait accepté que le soleil ne se lève plus jamais pour préserver la douceur de cette nuit sans lune.

Un beau rêve qu' on regrette au réveil quand on se rend compte que rien n' est vrai, ou un euphémisme quand le voile se lève et que plus rien n' a d' importance aux yeux de cet enfant sans couleur, face au spectacle dramatique qui se présente à lui.

C' est quand la lune s' est levée que le ciel a changé. l' enfant revenait du puits car son grand père souffrant d' une vilaine blessure réclamait de l' eau.

Le firmament avait disparu, de grands nuages de fumées rouges défilaient au dessus du village et masquaient les étoiles.

La légère bise répendait maintenant une odeur de souffre irrespirable, plus personne ne se souciait de ces montagnes, de ces palmiers, de cette vallée aride.

L' enfant trésauta et laissa tomber son seau en aluminium et la précieuse eau s' écoula dans la rue en pente, il pensa une seconde que son grand- père, son père et sa famille allaient le gronder.

Le claquement sec incessant des armes automatiques percait le silence des ruelles comme la peau des hommes, des femmes... plusieurs projectiles sifflaient dans les airs suivis de vives détonations au coeur des ruelles et sur les toits.

Gémissements sordides et hurlement autoritaires retentissaient entre deux salves de tirs.

Les mains de l' enfant se resserraient sur elles mêmes.

Soudain, un bruit assourdissant surgi de par dessus les crêtes montagneuses, suivi de grands phares par dizaines qui répendaient leurs faisseaux sur tout le village.

De gigantesques explosions s' en suivirent, réduisant en poussière et en cendres les maisons.

Chaque flash de lumière figeait à jamais le désastre, le ciel enfumé ne laissait plus entrevoir aucune aide divine, les gravats volaient et retombaient, les bombes s' abattaient sur le sol et faisaient vibrer, trembler la terre.

La dignité et la valeur humaine n' avaient plus aucun sens et ce qu' il en restait s' en allait dans les flammes rougeoyantes qui s' élevaient au delà des décombres et des corps sans vie.

Les palmiers, cassés net, prenaient feu eux aussi. Le carnage avait pris fin, laissant derrière lui un immense charnier d' où s' élevait maintenant une fumée noire tenté de rouge qui traversait le ciel comme un voile maculé de sang.

L' enfant s' endormit lentement et dans le dernier regard de ses paupières ouvertes, il vit son grand-père, son père, sa mère, sa famille lui dire " ce n' est pas grave mon fils."

Là où l' eau s' est déversée pousse aujourd' hui un palmier, seul à trôner au dessus du village abandonné et meurtri.

Saloperie de guerre, qu' est ce que l' humanité? Sommes nous une minorité à vivre en harmonie? La Terre se souviendra t' elle de nous comme d' un mauvais cancer? En tout cas les plantes qui avaient poussé au pied des murs ont revécu au pied des ruines.

 

 

Mercy.

 

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Style : Réflexion | Par cymer | Voir tous ses textes | Visite : 291

Coup de cœur : 9 / Technique : 7

Commentaires :

pseudo : BAMBE

Tu as une belle écriture et le message qu'elle porte la rend plus forte encore, l'émotion est là, les images s'imposent, notre âme est touchée. Bravo et coup de coeur.

pseudo : Féfée

formidablement bien écrit. CDC