Ce soir j'ai rencontré la vie, ça faisait longtemps que nous ne nous étions vu, nous avons pris quelques verres ensemble, échangé sur tout et rien, elle m'a dévoilé son corps je lui ai donné ma vision, puis de manière très sérieuse la vie me dit : "Te rappelles tu des mille toiles ? Te souviens tu des mille "autres" ? J'aurais du parcourir cent toiles de plus, lui dis-je…

Les mille toiles, c’était la fête des cancres la liberté aux seins nus. On s'y laisser jouir entre idéalistes non anesthésiés, les aveugles ne pouvant que s'écraser derrière la porte. Le chemin pour y parvenir n'était pas long mais il n'était pas simple. Dans ce monde je ne regardais plus le parfait, le beau sentait trop la putain nous étions donc revenu à l'essentiel, le simple à l'état pur, la virginité sentimentale, le soufre.

Pour être dans ce monde j'ai du apprendre à perdre et j'ai gagné une place. Nous dansions toute la nuit autour d’un feu sans bois, sans chaleur, sans feu, imaginé dans nos têtes, un petit peuple fier de sa non appartenance aux "autres". Nous vomissions d'impatience de tout détruire puis reconstruire, de tout mélanger, la faune la ville et son macadam.

Dans ce monde de cancres il y avait de l’amour, ils riaient des malheurs de l’"autre" monde, ils pleuraient sur les joies intimes. Nous suintions de fantasmes plein les coeurs, de l'espoir plein les yeux. Je me souviens de toi, la vie, et de tes milles toiles.

Un jour le chemin fut étroit, trop étroit pour moi, j'avais perdu la vue, l'authenticité, j'ai fuis mon petit peuple, oublié son chemin... la petite musique des cancres me revient parfois aux oreilles, ils rient des autres et pleurent sur les joies intimes. Moi je regarde derrière la porte, bavant d'envie sur ce feu sans bois, cette forêt immense aux arbres chevelus, cette jeunesse.

Putain ce soir la vie se moque de moi, je suis un "autre", le petit peuple me regarde, les enfants rient de moi, de vous, ...

Mille toiles, mille vies