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Vanité, ou Allégorie de la vie humaine par Don_Quichotte

Vanité, ou Allégorie de la vie humaine

 

« Vanité, ou Allégorie de la vie humaine », est un tableau peint par Philippe de Champaigne en 1646. Passé un peu inaperçu pendant quelque temps, il constitue aujourd'hui néanmoins, l'un des tableau les plus herméneutiques de toute l'histoire de la peinture.  

Le tableau est tout d'abord composé essentiellement de trois éléments à savoir une fleur, un crâne et un sablier. Ces trois éléments sont susceptibles d'une infinité d'interprétations transcendantales. Ainsi la fleur représente la vie, le crâne, la mort et le sablier le temps. Nous pouvons aller encore plus loin, en disant que la fleur représente la nature, le crâne l'homme et le sablier la science. On sent déjà à travers ce tableau, l'existence d'une certaine dialectique entre ces trois éléments et c'est en allant plus loin dans l'analyse qu'on pourrait arriver à la saisir, car notre tableau cache d'autres niveaux d'analyses encore plus gnostiques.

Dans un premier temps, on pourra remarquer que le crâne se trouve au milieu. En « lisant » le tableau de gauche à droite, nous pouvons voir ceci : la vie, la mort, le temps éternel qui recommence. Ou encore cela : la nature, l'homme, la technologie qui représente quelque part l'évolution de l'Histoire. Maintenant en « lisant » le tableau de droite à gauche, nous pouvons remarquer ceci : le sablier représente le temps qui coule à travers l'écoulement du sable. Or le sable représente l'élément terrestre. Le sablier représente le temps qui passe sur terre. Le crâne représente l'homme terrestre, fini, l'homme d'ici-bas, sans dieu, ni métaphysique, l'homme qui détruit la nature pour satisfaire sa vanité. Car, la fleur, représente cette vanité. L'homme l'arrache de son sol, l'arrache de la terre, pour la mettre « artificiellement » dans un vase. Elle sera certes agréable à voir, à sentir, mais elle est condamnée à faner, à mourir. L'homme en voulant maîtriser la terre avec sa technologie, réussit certes des exploits d'ordre esthétique, mais il par-là il détruit la nature et se détruit lui-même.

On peut aller encore plus loin dans notre analyse transcendantale. A l'origine, d'une manière métaphorique, la fleur était ancrée dans la terre. Avant l'homme, il n'avait ni sablier, ni vase. Il y avait une fleur dont la tige émane de la terre. Et voilà l'homme qui arrive et qui opère deux transformations majeures dans cet environnement tranquille ; ces deux transformations sont : le besoin technologique (figure du sablier) et le besoin esthétique (figure de la rose dans le vase). Deux besoins qui forment le moteur même de l'histoire.

Ce tableau constitue t-il une prophétie funeste ? Ne représente t-il pas ce qui est mort (l'homme), ce qui est entrain de mourir (la nature) et ce qui reste immuable, inanimé (les ruines de notre civilisation technique qui va survire à l'homme) ?

Tel tableau magistral nous invite aujourd'hui à s'interroger sur notre civilisation et sur son avenir. Dans l'indifférence froide et mécanique du sablier, et dans l'agonie lente de la rose, et après la mort de l'homme, où va-t-on ?  

 

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Style : Pensée | Par Don_Quichotte | Voir tous ses textes | Visite : 17829

Coup de cœur : 21 / Technique : 18

Commentaires :

pseudo : monalisa

Tableau magistral! Interprétation magistrale! Énigme grandiose! Don Quichotte , tes écrits sont d'une richesse extraordinaire.

pseudo : justine Mérieau

Merci à Don Quichotte de nous faire découvrir cette toile... qui n'est pas une chimère ! Cette peinture est en effet intéressante, tant par sa composition que par ses couleurs ; le rendu est très harmonieux, malgré son côté macabre. Mais quant à lui chercher une autre explication que celle qui devrait spontanément venir à l'esprit, me semble-t-il, me laisse perplexe... Soit : 1- Le temps qui passe, 2- La mort inexorable qui s'ensuit, 3- La vie qui triomphe malgré tout parce que pour chaque mort qui survient, une naissance voit le jour. D'ailleurs, si le peintre revenait sur terre, sans doute serait-il étonné qu'on veuille trouver autant d'explications à sa toile...

pseudo : Don_Quichotte

C'est la magie de toute oeuvre. Elle dépasse souvent son créateur et devient cognitivement autonome et susceptible de plusieurs interprétations. Alors à ce niveau il y a deux grandes tendances dans l'esthétique. Il y a ceux qui disent qu'interpréter une oeuvre, c'est avant tout chercher à comprendre les pensées profondes de son auteur. Il y a ceux qui préconisent une interprétation libre, mais argumentée et qui dépassse l'intention même de son auteur. Je pense que c'est ici que réside la magie de l'art. Pour le côté macabre, je crois qu'il faut parfois dépasser cette équation simpliste qui consiste à assimiler la littérature, la poésie et l'art d'une manière générale à la joie de vivre, à l'optimisme exagéré, à la quête du bonheur. J'ai remarqué que beaucoup de romanciers francophones cherchent à tout prix des happy end "hollywoodiens" afin de se montrer plus "optimistes". Peut-être c'est une question de marketing. Celà ne veut pas dire que je suis le coryphée d'une littérature sombre et mélancolique, loin de là. En fait le génie de la littérature consiste selon moi à montrer chaque chose, même la plus insiginifiante, sous un élat nouveau et inattendu. Merci beaucoup pour vos commentaires. C'est un honneur aussi de discourir avec vous. Vos livres, vos romans sont d'une finesse artistique peu commune. Encore merci

pseudo : justine Mérieau

J'avais envie de vous écrire personnellement, mais je vois que vous ne laissez aucune adresse... C'est donc ici que je vais pouvoir le faire. Lorsque je parle du côté macabre du tableau, ce n'était qu'une simple constatation ; c'est une évidence, puisqu'on y trouve une tête de mort ; ce qui, vous en conviendrez, n'est pas bien réjouissant, même si c'est la finalité de tout être humain. Mais ce côté sombre du tableau ne me dérange nullement : j'adore les peintures de jérôme Bosch, que je trouve fascinantes... Quant aux interprétations des uns et des autres sur une oeuvre, qu'elle soit picturale ou littéraire, je suis bien de votre avis ; déjà, parce qu'en ce qui me concerne, je suis étonnée parfois de la façon dont certains lecteurs interprètent ce que j'ai voulu exprimer... Je terminerai en vous remerciant de vos compliments sur mes livres, mais vous savez, je ne suis qu'une illustre inconnue dont les livres se vendent à peine... Et puis, je demeure modeste, car je ne suis jamais satisfaite de ce que j'écris. Je peaufine sans cesse... J'aimerais tellement faire beaucoup mieux ! Merci encore pour vos sympathiques encouragements.

pseudo : Bozodelarchedie

N'oubliez le moteur principal de l'auteur ainsi que son titre : VANITE , Ph. de Champaigne , janséniste combattait le traffic des indulgences des jésuites. Il s'agit d'un message politique "politique" de l'époque consistant à rappeler qu'on ne peut acheter son salut. Notre âme n'est pas à vendre ni à racheter.

pseudo : RMI

chaque être humain à sa/ses propres perception si je puis dire, tous le monde ne trouvera pas autant d'explications !!

pseudo : eric-paul

La vanité ou allégorie de la vie humaine Publié le 21 juillet 2009 par Araucaria Au long de ces journées où les corps nous dominent Où le monde est bien là, comme un bloc de ciment, Ces journées sans plaisir, sans passion, sans tourment, Dans l'inutilité pratiquement divines. Au milieu des herbages et des forêts de hêtres, Au milieu des immeubles et des publicités Nous vivons un moment d'absolue vérité : Oui le monde est bien là, et tel qu'il paraît être. Les êtres humains sont faits de parties séparables, Leur corps coalescent n'est pas fait pour durer Seuls dans leurs alvéoles soigneusement murés Ils attendent l'envol, l'appel de l'impalpable. Le gardien vient toujours au coeur du crépuscule; Son regard est pensif, il a toutes les clés, Les cendres des captifs sont très vite envolées; Il faut quelques minutes pour laver la cellule. Michel Houellebecq- Le sens du combat

pseudo : tic tac

wwwahoooooouuuuuuuu