Souvent, quand on parle de l'Homme en général, on parle de son esprit, d'où la religion ; de sa conscience, d'où la philosophie; ou de ses maux, d'où la médecine ou encore de ses projets, d'où le politique etc. Mais on oublie souvent que l'anatomie de l'homme est à elle seule un message métaphysique. Ainsi l'Homme, pris comme un corps, est susceptible d'une lecture sémiotique. Il est temps qu'on revienne au corps, à l'apparence, car c'est dans les choses les plus immédiates qu'on arrive à médiatiser les idées les plus cachées et les plus profondes.

On peut dire, pour simplifier tout en gardant l'essentiel, que le corps humain est composé de trois grandes parties. Il y a le cerveau, le coeur et les organes génitaux. Schématiquement, on dira sans trop déformer la réalité, que le cerveau se trouve en haut, le coeur au milieu et les organes génitaux en bas. Est-ce un hasard ? Dieu, ou la nature (ça dépend si on est plutôt croyant ou plutôt spinoziste), aurait pu placé les organes génitaux sur la tête, le coeur dans l'estomac et le cerveau dans le bas ventre. Pourquoi pas ? Cependant un fait est là, nous avons en troisième étage le cerveau, en second le coeur et en rez-de-chaussée les organes génitaux.

Commençons par l'étage le plus bas, les organes génitaux. Être en bas, c'est être accessible. C'est terre à terre. Bassesse. Or les organes génitaux renvoient à l'idée de sexualité. Ainsi, la sexualité prise en soi et pour soi, n'est que bassesse, bestialité. Elle n'est pas en soi et pour soi un exploit, car elle est accessible. C'est la chose la plus naturelle, en faire un but, revient à faire l'éloge de l'animalité, de l'instinct, de l'irréfléchi.

Le coeur. C'est le milieu. Il contrôle tout. Il transcende les organes génitaux. Son désir est autre. C'est un désir métaphysique au sens propre du terme. Métasexuel. Or le coeur renvoie à la passion. Ainsi, la passion prise en soi et pour soi, n'est que transcendance, idéalisme, quête de l'infini, de l'absolu. C'est un mouvement vers l'inconnu. C'est l'aventure, la fougue. En faire un but, revient à faire l'éloge de la folie, du mysticisme, de l'égoïsme absolu.

Le cerveau. C'est le sommet. Il observe tout. Il transcende les organes génitaux et le coeur, les observe et  traduit ce qu'il observe en terme de langage intérieur. Il est un contradicteur perpétuel. Or le cerveau renvoie à la raison. Ainsi, la raison prise en soi et pour soi, n'est que contradiction, remise en cause, quête d'une vérité elle-même impossible à atteindre, car elle ne peut être atteinte en aucun cas à travers la contradiction, ou la dialectique. En faire un but, revient à faire l'éloge d'un criticisme chronique, maladif et stérile.

Ainsi, chaque "étage" pris comme tel, renvoie à une impasse. C'est pour cette raison, qu'on trouve trois sortes de personnes : les matérialistes, les romantiques et les sceptiques. Chacun a sa propre folie.