POM POM POM 11- Le bonheur

 POM-POM-POM ne regarde pas ses pieds.

Elle ne les regarde plus.

Elle dirige ses yeux vers les arbres fous d’oiseaux, elle regarde en l’air. C’est la première fois qu’elle le remarque.

En fait elle a toujours regardé à terre.

Sa grande-grande sœur lui a offert une paire de jumelles, « spéciales oiseaux ». Ainsi d’autres univers coexistent, c’est le champ ouvert à la pluralité des mondes,  les découvertes innombrables, les horizons insoupçonnés...Vertiges.....

POM-POM-POM vacille, surexcitée.

Elle bidouille tout ce qui peut être bidouillé sur des jumelles, remuant, tournant, écartant, tout ce qui peut l'être.

POM-POM-POM ne voit rien. Les oiseaux sont trop petits, trop loin, trop instables, rapides, invisibles, elle n’a le temps de rien, ni de les suivre, ni de les « attraper », ni de....Un geai des chênes picoté de bleu avec des yeux immenses d’une noirceur incroyablement pétillante vient de pénétrer son rond d’oeil. Il ne bouge pas. Il prend la pose. Pour elle. Elle observe absorbe tout :

Son bec. Ses ailes. La rondeur de sa posture. La tension de son attitude à l’écoute. Le duveteux de son plumage. Elle imagine. Ses allers-retours du garde-manger au nid. Ses petits... Ses joies et ses angoisses. Fascinée, elle est cet oiseau, elle est devenue elle-même.

L’oiseau n’a pas bougé depuis dix minutes. Se sait-il observé ?

Ces chants, de toutes parts lancés d’un arbre l’autre lui tournent la tête...l’appellent là, la psittent ici et plus loin et haut encore...Il faut qu’elle respire.

Allongée sur l’herbe rousse parmi les mousses d’émeraude, POM-POM-POM s’aère les pores et se repaît d’échos des bois. Entre la mésange et le coucou, elle compose des refrains qu’elle ne retient pas. La Beauté du Grand Tout l’a rend muette.

Un oiseau-mouche vint effleurer sa sérénité.

D’un huitième de battement d’aile il lui fit entrevoir tout le bonheur possible.

Epilogue

Il s’est écoulé tant de temps.

Depuis tout ce temps, le temps a passé.

Ne restent en mémoire que les naufrages merveilleux...

Et de rêver à l’enfant-étoile...

FIN