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Petis Palisirs posthumes/Ch.5 par yolli

Petis Palisirs posthumes/Ch.5

POM POM POM 5- Un mètre de large

 

 Un mètre de large. Trois de long. Des carreaux tantôt noirs, tantôt blancs, si propres qu’on se voit dedans. Une fois assise, POM-POM-POM n’atteint pas la porte verte en face d’elle.

Tout loisir est laissé à la libre pensée, intime et secrète, égoïste et sacrée. Le coin idéal où naissent les défis, s’élaborent les projets, vivent les rancunes et les vengeances, meurent les colères.

C’est l’endroit de la maison qu’elle préfère.

Elle y a souvent recraché de la nourriture en quantité, celle longuement mâchouillée, discrètement mise de côté dans chacune de ses bajoues comme fait le hamster, et inavalée.

Elle y a savouré des silences.

Elle profite toujours du moment où personne ne la voit pour s’y rendre. Plus tard on s’apercevra qu’elle s’est éclipsée, plus longue sera l’escale...

Une fois faite la chose pour laquelle chacun y va et sans tirer la châsse pour ne pas qu’on croie qu’elle a fini, après avoir très doucettement rabattu le couvercle, POM-POM-POM s’assied par terre sur le carrelage vert et blanc et froid, aux dessins variés comme dans les nuages. Elle ferme les yeux et s’offre toutes les audaces. S’adosse et surélève ses jambes sur le mur d’en face, garde son dos bien droit et en profite pour s’assouplir. Elle élabore des mini-chorégraphies dont elle est la soliste merveilleuse, elle ébauche des scenarii avec ses grandes soeurs en mégères méchantes et bruyantes, elle, dans le rôle de la victime ou bien trouve une réponse adéquate quoique tardive à l’intercade d’hier avec son grand frère.

 

Toute la famille s’agite dans la cuisine mais les sons étouffés par la distance n’arrivent jusqu’à elle que susurrés. Fatalement, dans un laps de temps plus ou moins étiré, l’un ou l’autre de sa fratrie, ne la voyant pas ressurgir, n’entendant rien, essayant d’entendre, écoutant derrière la porte, prétextera un besoin urgent de pénétrer son aire. Elle se remettra alors sur le trône clos-pour que sa voix vienne du bon endroit- et dira d’une voix flûtée qu’elle n’en a pas encore fini. Un sursis lui sera accordé.

 

POM-POM-POM reprends ses histoires depuis le début changeant. quelques paramètres. Tout est à réinventer...

 

Au bout de la troisième interruption, au point qu’elle devine de non-prolongation, son frère, ses sœurs, son faux oncle ou même son père avec sa grosse voix, s’égosillent et perdent patience. On a peur pour elle, on craint qu’elle n’ait eu un malaise ; on la somme de répondre, de parler, de sortir immédiatement, tout de go, illico presto et que ça saute !!!!

 

Elle déroula et chiffonna le papier lavandé, le frotta contre son pull, le jeta dans la fosse en tirant bruyamment la châsse et quitta son asile.

Dommage...Dehors son rêve n’existe pas.

 

 

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