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UN MONDE ABSURDE (Deuxième partie) par GILLES

UN MONDE ABSURDE (Deuxième partie)

          (...) A ces mots ma banquière me regarda avec deux yeux ronds semblables aux zéros qu’elle avait pour habitude de taper sur le clavier de son Mac puis bredouilla un début de phrase absconse qui avorta au contact de l’air libre. Je ne la laissais pas se ressaisir et j’enchaînais aussitôt en lui rappelant que son honorable établissement avait lui-même faillit mettre la clef sous la porte quelques semaines auparavant, à cause des agissements douteux et aventureux de sa direction toujours plus âpres aux gains, aidée dans ses entreprises malhonnêtes par quelques « golden-boys » complices et sans scrupules qui avaient spéculé sur le désespoir de leurs semblables et parié l’argent des autres sur la misère humaine pour gagner le leur.
           Sans la manne providentielle de l’Etat bienveillant, accouru derechef au secours des moins démunis, des voleurs et des escrocs, il est fort à parier que de nombreux Titanics de la finance auraient sombré corps et âmes. Mais non ! Ne perdez jamais de vue que notre monde est absurde et que tout s’y déroule en dépit du bon sens…
Pour gagner légalement des sommes colossales sans trop se fatiguer, des fanfarons insatiables et méprisants jouèrent légalement ces milliards qui ne leur appartenaient pas et les perdirent… Jusque là, rien de plus qu’un « entubage » classique, comparable à ces grandes affaires qui défrayent régulièrement la chronique judiciaire, imputables à des aigrefins de romans qui vendent la tour Eiffel ou le Mont Blanc à quelque pigeon naïf, étourdi et rêveur. Une fois l’affaire mise au jour, l’escroc qui, dans la majorité des cas, a tout flambé au Baccara, à la Tour d’Argent et chez quelques call-girls de luxe, va en prison et le pigeon, déplumé et rasé de près, se suicide ou bien va se refaire une santé en maison de repos ou encore repart du bas de l’échelle en cherchant un emploi de pompiste de nuit, jurant, mais un peu tard, qu’on l’y reprendrait plus !
           Voilà comment ça se passe normalement. Mais que nenni ! Une fois l’affaire révélée, non seulement personne n’est allé au gnouf mais comble du cynisme on a redonné au vilains banquiers flambeurs les milliards évaporés, milliards pris sur les fonds publics évidemment ! Ben pardi ! Et où vouliez vous qu’on les prenne ! On a quand même sermonné gentiment les Arsènes Lupins de la corbeille en leur disant, qu’ils pouvaient continuer à s’amuser, certes, mais à condition d’être plus discrets à l’avenir, en évitant si possible de faire sauter leurs propres banques… Parce qu’à force de faire les cons, ils risquaient de faire sortir la populace de sa léthargie profonde et notre bon Président, qui, on le sait, aime par-dessus tout le luxe et le confort, goûte fort peu l’idée de se retrouver pendu par les pieds à un réverbère ou à un arbre dans les jardins de l’Elysée.
           Enfin bref ! J’expliquais donc à ma banquière adorée que je me retrouvais moi aussi en situation de banqueroute, à part que moi je n’avais volé personne. Mon honnêteté dans ce monde dévoyé méritait une petite récompense et c’est pourquoi au même titre que l’Etat avait miraculeusement renfloué à grands coups de milliards d’euros son établissement en déroute, je sollicitais, à mon modeste niveau, la prolongation de mon découvert autorisé et même son augmentation substantielle. Logique ! De grands cœurs vous ont aidé : Aidez moi. Aidez nous. Le temps de laisser passer l’orage, le temps de se refaire une santé. Hé bien vous me croirez si vous le voudrez, mais la garce en tailleur m’envoya paître moi, mes dettes et mes jolis yeux verts ! (…)

A suivre…

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pseudo : Ombres et lumières, une vie

Je suis toujours et coup de coeurise !